Chapitre 80 : Après la fête...

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 Pendant près d'une heure, le groupe attendit que les préparatifs du festival soient achevés. Assis sur la terrasse d'un bar qui bordait l'une des plus grande place de la ville, ils purent observer le monde qui affluait de plus en plus des quatre coins de Léfarène. Ils ne furent même pas surpris lorsque Rael les retrouva alors qu'ils ne savaient même pas où les chercher.

Le groupe, enfin au complet, se mit à parler des missions qu'ils pourraient faire ensemble. Les avis divergeaient sur ce point. Certains voulaient de l'action tandis que d'autres préféraient des enquêtes où un tel groupe serait un avantage de taille pour pouvoir explorer les différentes pistes. Au final, tous se mirent d'accord sur le fait qu'ils verraient le moment venu devant le mur des demandes.

Elyazra allait pour entamer sa troisième bière lorsqu'une musique retentit sur la place.

— Ça commence, annonça Telak.

Excitée, la chasseresse but le contenu de sa chope d'une traite et se leva d'un bond pour rejoindre les festivités. Tout aussi impatients, les autres se levèrent et suivirent la jeune femme qui sautillait comme une gamine.

— Je ne sais même pas en quel honneur est ce festival, remarqua Syara.

— Il est en l'honneur de tous les mages, répondit le démon. Léfarène étant la capitale de ce pays, c'est elle qui en compte le plus et c'est ici qu'arrive le plus de demandes. En vérité, nous célébrons l'anniversaire de l'inauguration du hall des musiciens. C'est aussi le seul soir où le hall est fermé et est réservée aux mages de rang trois ou moins qui sont conviés à une grande réception.

— Une réception ? Où ça ? questionna Elyazra, soudain très intéressée par le sujet après avoir entendu le dernier mot.

— Crois-moi, tu es bien mieux sur cette place que là-bas. Tu t'ennuierais.

— Pourquoi ?

— Ça n'est qu'une réunion ennuyeuse où les gens parlent de leurs plus grandes réussites pour gonfler leur ego auprès de leur compère. Alors qu'ici, personne ne se soucie de ça, le plus important est de s'amuser.

— Je vois. Pas la peine d'y aller alors, rétorqua la chasseresse en retournant cinq pas devant.

— Mais au fait, tu as bien dit que cette réception était réservée au rang inférieur à trois, réfléchit Syara. Si je me souviens bien, toi, tu es de rang deux. Tu ne comptes pas y aller ?

— J'y ai déjà mis les pieds une fois et depuis, je fais en sorte d'esquiver toute demande. Je te l'ai dit, la réception du hall des musiciens n'est qu'hypocrisie et vantardise.

Au moment où il prononça ces mots, Telak s'imagina un instant auprès d'eux ainsi que leur tête s'il leur avait révélé qu'il avait mis la main sur un fragment des partitions perdues. Avec une mission couronnée de succès telle que celle-ci, il serait à coup sûr passé au rang un, le plus prestigieux titre de mage au monde.

Mais il fallait être réaliste. La découverte de cet artefact voulait aussi dire que les autres fragments étaient encore perdus et qu'ils n'étaient pas une légende. En parler à des personnes aussi ambitieuses qu'eux était dangereux. Le hall des musiciens ne manquait pas de requête pour les mages de leur niveau et confirmer l'existence des partitions impliquerait que beaucoup délaisserait ces missions pour partir à la recherche des pages manquantes.

Pendant toute la soirée et une bonne partie de la nuit, le groupe déambula entre les stands et les scènes de la ville. Il y en avait pour tous les goûts. Que ce soit en termes de nourriture, de boissons, d'animation ou de musique, tout le monde y trouvait son compte.

Après avoir dansé, ris, joué, mangé et bu pendant toute la soirée et une bonne partie de la nuit, le groupe finit par se séparer pour aller se coucher. Éreintées, les deux jeunes femmes s'écroulèrent sur le lit et s'endormirent presque aussitôt.

Au matin, ou plutôt, en début d'après-midi, Syara se réveilla enfin, encore léthargique de la veille. Elyazra n'était déjà plus dans le lit. Elle qui remuait des montagnes à chaque fois qu'elle se levait avait réussi, exceptionnellement, à ne pas la réveiller cette fois-ci.

— Bonjour, salua la violoniste en ouvrant la porte, les yeux encore mi-clos.

— Ha, enfin levée, sourit la chasseresse assise sur le canapé, une guitare à la main. Guard a préparé quelque chose pour le petit-déjeuner. C'est froid maintenant, mais ça doit encore être bon.

— Je peux te le faire réchauffer si tu veux, proposa le satyre.

— Ça ira comme ça, merci. Tu es si gentil avec nous et en retour nous sommes odieuses, on ne te mérite pas, sourit la beast.

— Parle pour toi. Moi, je l'ai gagné à la loyale.

Une nouvelle fois, l'ancien bandit ne se braqua pas lorsqu'il fut comparé à un simple objet. Il se contenta de servir un bol de sa mixture à la violoniste avec son sourire habituel.

— Ne t'en fais pas. Vous voir agir ainsi me donne toujours des impressions étranges, comme un air de déjà vu. Avant de perdre la mémoire, j'avais peut-être deux petites pestes comme sœur et je devais m'en occuper.

— Qui est-ce que tu traites de petite peste ? s'emporta Elyazra.

Si la pique l'avait énervée, il n'en était rien pour Syara qui se rendait compte à présent qu'elles étaient souvent allé trop loin avec lui. Au départ, elle était entrée dans ce petit jeu pour lui faire payer les crimes qu'il avait commis en tant que bandit, mais tout ceci était derrière elle à présent.

— Ely ? Et si on arrêtait de nous en prendre à lui systématiquement. Il se plie en quatre pour nous et on le traite pire qu'un animal.

— Mais sur qui je vais pouvoir m'énerver ? Et me défouler ? paniqua-t-elle.

— On peut toujours se disputer, ça ne me dérange pas. Et pour te défouler, maintenant que Telak est revenu, tu pourras le faire sur les ennemis que nous croiserons en mission.

— Bon, d'accord, céda Elyazra.

Guard n'en revenait pas. Depuis qu'elles s'étaient rencontrées, elles lui avaient fait vivre un enfer et là, tous ses problèmes s'étaient envolés en quelques mots. Au fond, elles n'étaient pas si méchantes que ça. Elles avaient juste oublié de grandir un peu et gardaient toujours une part d'enfant en elles.

— Au fait, tu as reçu du courrier, se rappela-t-il soudainement en lui tendant la lettre.

Étonnée, Syara prit l'enveloppe. Elle n'avait rien reçu depuis qu'elle avait emménagé dans cet appartement et personne excepté ses amis ne savait où elle habitait. Avec son index, la beast la déchira et déplia la lettre qu'elle parcourut en vitesse.

— Quoi ! hurla-t-elle lorsqu'elle arriva à la dernière ligne.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandèrent les deux squatteurs.

— On est dans la merde, annonça-t-elle pour toute réponse.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant