Chapitre 89 : L'ascension

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 Pendant deux heures, le groupe débuta son ascension de la montagne. Même si la première partie était facile avec une pente douce et peu d'obstacles, la méfiance les ralentissaient tout de même. Ici, contrairement à la forêt, le terrain était totalement à découvert et l'attaque des harpies qu'ils avaient subie les forçaient à rester vigilent et à scruter le ciel pour prévenir toute menace.

Alors qu'ils arrivaient enfin au pied de la seconde partie qui, elle, était une falaise, un doute vint troubler Syara tandis que Rael préparait les enchantements.

— Nous allons vraiment avoir le temps de monter avant qu'il ne fasse nuit ? demanda-t-elle en regardant le mur de roche qui se dressait devant elle.

— Je pense que oui, affirma Telak. Même si nous allons devoir nous arrêter juste après. En vérité, tout va dépendre de la qualité de la roche.

Pour appuyer ses propos, le démon se saisit d'une pierre collée à la paroi et la décrocha avec facilité. Il la serra ensuite dans sa main et tous purent voir le bloc s'effriter entre ses doigts. Cela ne présageait rien de bon.

— Les enchantements sont prêts ! s'exclama l'elfe. Essayez de sauter pour voir.

Impatiente, Elyazra plia les jambes et donna une grande impulsion pour sauter. Ses capacités physiques étaient déjà hors normes et elle pouvait, sans enchantements, atteindre plus de trois mètres, mais là, la différence était tout autre. Son saut l'avait menée à plus de sept mètres de haut et, dès qu'elle avait atteint cette hauteur, sa chute semblait être ralentie. Pendant les quelques secondes où elle était en l'air, la chasseresse put se diriger facilement en se penchant dans la direction où elle voulait aller.

— Ton enchantement est génial ! s'extasia-t-elle.

— Merci, mais tu es la première personne que je vois qui maîtrise aussi rapidement les déplacements pendant la chute. Guard, essai pour voir.

Comme Elyazra, le satyre fléchit les genoux et s'élança pour monter le plus haut possible. Il n'atteignit pas les sept mètres comme elle, mais ses cinq mètres étaient déjà impressionnants pour quelqu'un de normal. Son retour à terre ne se fit pas aussi aisément non plus. Il avait du mal à garder l'équilibre et penchait de droite à gauche et d'avant en arrière pour se stabiliser, ce qui le faisait aller dans tous les sens.

— Je pense qu'il serait préférable que vous vous entraîniez un peu avant de tenter d'escalader, constata l'elfe noir.

— Pendant que vous faites ça, je vais aller en reconnaissance pour trouver les prises qui pourraient convenir, annonça Telak en prenant son envol.

Tandis qu'il examinait la falaise, Guard et Syara s'entraînèrent à maîtriser l'enchantement. La beast n'avait pas autant de mal que le satyre pour se diriger, mais certaines hésitations et lacunes l'empêchaient d'avoir des mouvements aussi fluides que son amie. Ce n'est qu'au bout d'une trentaine de minutes qu'elle commença à se sentir vraiment à l'aise et affirma qu'elle était prête à monter. Guard, lui, demanda juste un peu plus de temps pour se sentir prêt. Son entraînement avait peut-être pris plus longtemps, mais la courbe de progression était bien plus importante que pour Syara.

Après trois-quarts d'heure, Telak redescendit vers eux et, d'un signe de tête, leur signifia qu'il était prêt à y aller. Ouvrant la marche, Elyazra sauta sur la première prise que Telak avait marquée grâce à une peinture rouge. Ce démon avait décidément tout dans ses sacoches, pensa Syara tout en s'élançant dès que la prise fut libérée.

Avançant ainsi de prise en prise, le groupe progressa bien plus vite que ce à quoi ils s'attendaient. Il leur arriva plusieurs fois d'en rater une et de chuter, mais, une fois la panique et la peur du vide passées, ils se contentaient de planer tranquillement jusqu'à rejoindre une corniche un peu bas.

Telak, lui, s'occupait de surveiller les alentours pour éviter une attaque de harpie et continuait à marquer la roche là où il estimait qu'il était facile de passer. Celle-ci étant friable, il dut plusieurs fois en renforcer certaines grâce à ses pouvoirs pour éviter qu'elles ne cèdent sous le poids des grimpeurs.

Arrivée vers la fin, Elyazra, très à l'aise sur ce terrain, dépassa même Telak et finit l'ascension en trouvant elle-même les prises.

En haut de la falaise, la chasseresse chercha à s'orienter et à retrouver le chemin vers le camp des harpies qu'ils devaient retrouver. Elle se trouvait dans une vallée verdoyante qui séparait deux pics et commençait à douter. Sa mémoire lui faisait défaut. Le clan des plumes noires se trouvait-il sur le pic au nord, ou sur celui du sud ?

Avant qu'elle ne s'en souvienne, un mouvement à sa droite attira son attention. Un petit groupe de trois harpies l'avait remarqué et avançait vers elle.

— Un comité d'accueil rien que pour moi, dit-elle en sautillant de joie.

Sans même dégainer ou adopter une posture agressive ou suspicieuse, Elyazra commença à avancer dans la vallée, comme si elle ne les avait jamais remarquées. Le jour était sur le point de se terminer et l'obscurité avait commencé à gagner cette région. Les harpies devaient penser qu'elles avaient l'avantage et qu'il était difficile de les discerner dans ses conditions avec leur plumage noir.

Malheureusement pour elles, être dans le noir ne dérangeait pas Elyazra, bien au contraire. Du coin de l'œil, elle guetta leur arrivée et vit qu'elles prenaient de l'altitude pour ne pas se faire voir. Dès qu'elles furent au-dessus d'elle, les créatures lui tombèrent dessus en piquet. Cependant, Elyazra, toujours pourvue de son enchantement, sauta en l'air avant qu'elles n'arrivent au sol et profita de son impulsion pour donner un uppercut dans le menton de l'une d'elles.

À peine avait-elle atteint le point culminant de son saut que la chasseresse envoya un trait de flamme noir qui toucha une seconde harpie à l'aile et la fit chuter au sol dans un atroce cri de douleur. La créature tentait tant bien que mal d'éteindre le feu en se roulant dans l'herbe, mais n'arrivait qu'à le propager sur son corps.

La dernière harpie, voyant avec quelle facilité la jeune femme s'était débarrassé de ses acolytes, tenta de fuir. Le dos tournée à son opposante, elle ne la vit pas se transformer en un brouillard épais et noir qui fonça à toute allure sur elle et la dépassa. La brume se solidifia juste au moment où la harpie passait à proximité et Elyazra se saisit d'elle par la gorge pour la ramener de force à terre.

Une fois au sol, la chasseresse continua d'exercer une forte pression jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse, puis la traîna jusqu'à ses deux autres victimes. La première, à genou, les serres plantées dans le sol, se remettait difficilement de son coup et s'évanouit elle aussi lorsque la jeune femme l'acheva d'un puissant coup de pied dans la tête, tandis que l'autre était à l'agonie, les flammes lui rongeant la chair.

D'un geste de la main, Elyazra éteignit le feu et l'assomma avant de les regarder avec un sourire satisfait.

— Pas une seule n'est morte, je crois que Syara va être contente, déclara-t-elle pour elle-même.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant