Chapitre 144 : Passer la main pour se concentrer sur l'essentiel

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Alors que de la fumée commençait à s'échapper du quartier touché par la chute de la paroi, presque tous ceux présents au tournoi s'étaient figés. Seuls les concurrents continuaient à bouger. Malgré ce qu'il venait de faire, Resh continuait à bombarder Syara qui n'avait d'autre choix que d'esquiver pour sa propre survie.

Même l'arbitre ne faisait plus attention au combat et regardait les flammes se propager rapidement de maisons en maisons. De plus, un autre fragment de l'arbre commençait à se détacher et menaçait de tomber sur le quartier déjà en danger.

— Il faut faire quelque chose ! cria la princesse.

Tour à tour, elle regarda son père, puis sa mère. Ces derniers étaient encore plus abasourdis que lorsque Yamaré s'était tiré un sort dans le dos. Du côté des spectateurs, la réaction était similaire. Shay était occupé à protéger tous ceux présents des sorts du fou à lier qui se trouvait sur le terrain et tous ceux qui pouvaient voler hésitaient à y aller sans savoir s'ils seraient d'une quelconque utilité là-bas.

— Papa, je t'en pris, fais quelque chose ! implora-t-elle.

Hagard, le roi se tourna vers sa fille, puis revint sur la catastrophe sans rien ajouter. Comment pouvait-il ne pas réagir alors que son peuple était en danger ? En tout cas, elle ne le comprenait pas et se devait, en tant que princesse, d'agir.

Avant qu'ils ne reprennent leur esprit, Phi sauta de la loge royale et partit à toute vitesse en direction de l'incendie.

— Phindéréllia, non ! s'horrifia sa mère.

Entendre le nom de son amie attira l'attention de Syara qui se retourna juste à temps pour la voir s'engouffrer dans une rue en feu. Cela l'étonna d'ailleurs vu que le quartier sinistré ne se trouvait pas à côté et qu'elle avait dû voler à une vitesse prodigieuse pour s'y rendre aussi vite. La beast ne put cependant pas en apprendre plus vu que son adversaire continuait de la harceler avec ses boules de feu.

La seule chose qu'elle remarqua avant de reporter son attention sur lui était que ses deux amis capables de voler étaient partis à sa poursuite pour lui prêter main forte.

— Arbitre, disqualifiez-le ou annulez le combat, mais faites quelque chose ! ordonna Syara.

La fée en charge du bon déroulement du tournoi se tourna vers la finaliste, puis vers son opposant. Il s'apprêtait à dire quelque chose lorsqu'un sort explosa à quelques centimètres à peine de ses pieds.

— Dis quoi que ce soit et je te réduis au silence ! grogna Resh.

Avant que quiconque ne puisse ajouter le moindre mot, un craquement sourd retentit dans toute la ville. Les spectateurs poussèrent de nouveau des cris terrifiés lorsqu'ils virent qu'un autre bout de la paroi, bien plus grand cette fois-ci, menaçait de tomber sur le quartier déjà lourdement touché.

Syara ne pouvait pas se permettre d'ignorer cette menace. Si elle ne réagissait pas dans l'instant, ce serait sous les décombres qu'elle retrouverait Phi, Rael et Telak. Elle invoqua donc son violon et se positionna sur le bord de l'arène. Cependant, à peine avait-elle frôlé une corde avec son archet que son instinct lui hurla de sauter sur le côté. Sans réfléchir, elle le suivit et évita de justesse une nouvelle attaque. Personne n'allait arrêter cet abruti ?

— Ely, occupe-toi de ce connard ! ordonna-t-elle par-dessus son épaule.

— Que je m'en occupe comment ?

— Tu te démerdes ! Si tu as besoin d'une quelconque motivation, tu as juste à savoir qu'il voulait faire de Phi une esclave sexuelle !

— Un esclavagiste pervers pédophile ? Il est à moi, je l'ai vu la première ! répondit-elle en sautant dans l'arène. Shay, ferme ta barrière pour que Syara ne soit pas dérangée.

Alors que le dragon étendait la protection qu'il avait placée devant les spectateurs pour y enfermer Resh et Elyazra, Syara commençait à jouer en fixant la paroi qui menaçait de s'effondrer. Des ronces commencèrent rapidement à se former sur les endroits stables et s'enroulèrent autour des morceaux presque totalement détachés. Cependant, la beast ne savait pas si cela allait être suffisant.

De son côté, la demi-dragonne jeta un rapide coup d'œil par-dessus son épaule et remarqua son arme plantée aux pieds de son amie.

— Tss, hors de portée, se plaignit-elle avant de revenir sur son adversaire.

— Comment oses-tu interrompre ce combat ! fulmina la fée.

— Et toi, comment oses-tu croire que tu n'es pas encore disqualifié ? Tu ne toucheras pas à un cheveu de Phi.

— Ton ami m'a dit la même chose, mais sans ailes ni instruments, tu ne pourras jamais m'atteindre, rit le concurrent.

— Mais moi, contrairement à Syara, j'ai une bonne raison pour que tu ne lui fasses pas de mal.

— Je t'accorde le droit de me répondre, cela aura peut-être le mérite de me faire rire avant que je ne te tue.

— Tu ne toucheras pas à Phi parce qu'elle me doit une bière !

Cette réponse, Resh ne s'y attendait pas. Il ne savait même pas ce qu'était une bière et imagina un objet fabuleux et hors de prix. Cependant, il en avait assez de jouer avec ces étrangers et chargea une boule de feu dans ses mains. Lorsqu'elle atteignit sa taille, il la lança sur la jeune femme qui ne chercha même pas à esquiver. Elyazra se prit le sort de plein fouet et disparut derrière un épais écran de fumée.

— Vous les non-Fées êtes vraiment pyt... Quoi ?!

Alors que la fumée se dissipait, Resh vit qu'Elyazra se tenait toujours debout, indemne. Lorsque l'écran fut totalement dissipé, la demi-dragonne fixa son adversaire et épousseta négligemment une poussière sur son épaule.

— Petite fée, sais-tu pourquoi je me bats avec une rapière ?

— Je m'en fou ! répondit-il en relançant un sort sur elle, sans plus de succès.

— C'est tout simplement pour limiter les ravages que je pourrais causer, continua-t-elle tout de même. Mais vois-tu, j'ai avec moi un dragon qui est assez puissant pour créer des barrières qui me résistent, alors je peux me permettre de ne pas me retenir. Toi qui voulais être le cauchemar de la princesse, laisse-moi être le tien. Laisse-moi te montrer ce qu'est... La peur.

Son explication terminée, Elyazra amorça un pas en avant. Dès qu'elle posa son pied à terre, toute l'herbe qui restait autour d'elle sur un périmètre de deux mètres fut consumée par des flammes noires qui ne laissèrent qu'une terre fumante et désolée.

Ses bras le long du corps, la demi-dragonne fit apparaître des flammes de la même couleur qui remontèrent jusqu'à ses avants-bras et qui semblaient former des griffes de l'autre côté. Le feu à ses pieds s'étendit alors sur toute la terre qui se trouvait à l'intérieur de la protection et brûla tout ce qui s'y trouvait.

— Bienvenu dans ton pire cauchemar, annonça Elyazra avec un large sourire sadique.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant