Chapitre 57: petit échauffement d'avant mission (Telak)

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Cela faisait déjà plusieurs heures que le groupe de démon volait dans le ciel couvert d'Arael et filait en direction de la forêt de Trelazar. Malgré sa résistance aux températures extrêmes, Telak avait hâte de redescendre sur la terre ferme et de se réchauffer auprès d'un feu de camps. Enfin, si Agrat ne décidait pas de faire le voyage d'une seule traite.

— Ce nuage est étrange, commenta Mor en pointant l'horizon devant eux.

Le bassiste plissa les yeux et vit, au loin, nuage qui bizarrement avançait face au vent.

— C'est vrai que ça n'est pas normal, constata Valana.

— Nous devrions faire un détour, proposa Telak.

— Non ! On continu droit devant, ordonna Agrat. Nous devons atteindre le camp au plus vite.

— Les morts n'atteignent que très rarement leur destination.

— J'aurai été d'accord avec toi Telak, commença Grem, mais là nous n'avons pas le choix. Ce nuage fonce droit sur nous et je sais ce que c'est. Sortez vos instruments, nous avons une horde de diablotins à tuer.

Si les créatures intelligentes et sociables telles que les démons et les satyres avaient traversé le portail lors du cataclysme, d'autres comme les diablotins, s'étaient aussi réfugiés sur ce monde. Ces créatures d'une quarantaine de centimètres, à la peau grise, aux doigts griffus et aux dents pointues ne posaient généralement pas de problème pris un par un, mais en bande, ils devenaient un véritable fléau qui n'hésitait pas à s'attaquer aux caravanes et aux petits villages.

— On s'arrête ici, fit Agrat. Valana, qu'y a-t-il au sol ?

L'intéressée scruta le sol en contrebas. Chaque être vivant possédait en lui une certaine quantité de magie qui servait d'énergie vitale. De ce fait, il était aisé pour Valana, avec sa faculté innée de détecter la magie, de voir si une personne se trouvait sous eux.

— Alors ? S'enquit la chef du groupe.

— Personne, indiqua-t-elle. À part nous et les diablotins, aucune forme de vie ne se trouve dans les environs.

— Bien, dans ce cas, commençons par une petite punition astrale.

Dès qu'ils entendirent cela, les membres du groupe invoquèrent leurs instruments. Mor, avec ses baguettes, fit tonner ses tomes et ses cymbales et imposa un rythme soutenu pour la musique qui allait suivre. Un bouclier protecteur entoura bientôt le batteur. S'ensuivit Valana, à la guitare, qui débuta une mélodie à la fois simple, mais tout aussi rapide que les percussions imposaient. L'amplification fit tout de suite effet sur la protection qui grandit jusqu'à envelopper tout le groupe.

Telak et Grem se joignirent ensuite à eux. Le bassiste reprit la même mélodie que Valana et son ami, en tant que guitariste, débuta un solo d'une grande complexité. Tout était trop parfait pour n'être que de l'improvisation. Ils avaient travaillé ce morceau pendant de longues semaines pour qu'il soit parfait.

Les diablotins approchaient de plus en plus du groupe. Trop assoiffés par leur soif de sang et leur envie de chair fraîche, ils ne virent que trop tard l'immense météorite embrasée de flammes rouges et vertes qui leur tomba dessus. La plupart moururent sur le coup, tandis que beaucoup d'autres se firent écraser lorsque le rocher s'écrasa au sol.

Pendant un instant, le fracas de l'impact couvrit totalement la mélodie des mages. Il ne restait qu'une poignée de diablotins encore vivant et ils semblaient décidés à venger leurs frères. Agrat, qui les avait vu esquiver le sort, se mit alors à rajouter sa voix par-dessus la mélodie. Son chant cristallin, fit apparaître devant elle plusieurs épées, haches et dagues qui volèrent vers les créatures.

Comme si elles étaient maniées par des personnes invisibles, les armes transpercèrent, découpèrent et écrasèrent les diablotins. En un rien de temps, il ne resta qu'un seul d'entre eux qui, en désespoir de cause, fonça sur eux. Par chance, il arriva à trouver une brèche dans les défenses du groupe et mordit le bras du guitariste.

Sa chance ne dura cependant pas et il mourut, coupé en deux par une hache. Une fois mort, les démons rangèrent leurs instruments et s'approchèrent de Grem.

— Tout va bien ?

— Je survivrais.

— Il ne t'a pas griffé au moins ? Demanda sa femme

— Non, il n'a pas eut le temps. Ne t'en fais pas, aucune chance que je me sois fait empoisonner.

— C'est tout de même une sacrée morsure. Nous devrions nous poser pour que puisse le soigner convenablement, dit Mor.

— Très bien. Nous allons nous arrêter quelques heures pour nous reposer... décida la chef de groupe. Et Telak, si tu me dis que tu avais raison une fois de plus, je t'empale avant que tu n'aies le temps de finir ta phrase.

— Dans ce cas, je ne dirais rien, répondit-il avec un léger sourire en coin.

Le groupe s'éloigna un peu du lieu d'impact de la météorite et se posa sur une plaine. Grem, alluma tant bien que mal un feu de camp malgré sa blessure, puis laissa Mor soigner sa blessure.

— Alors, commença le bassiste en s'installant près du feu et en sortant de la nourriture d'une de ses sacoches. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas réunis. Grem, Valana, ça n'est pas trop dur de partir en mission avec votre fils ?

— Nous faisons en sorte de prendre des missions plus proches de la maison ou plus faciles pour ne pas s'absenter trop longtemps, mais c'est sûr que ça nous change. Retrouver l'animal de compagnie d'une personne n'est pas aussi exaltant qu'affronter une bande de malfrats d'une quarantaine d'individus à deux. Et toi ? Tu peux nous en dire plus sur ton apprentie ? Comment a-t-elle fait pour régler le problème de Sendra ?

— Vu ses pouvoirs, je ne peux pas vraiment la considérer comme mon apprentie vu que je ne sais pas comment faire pour l'aider à maîtriser ses pouvoirs. Je dirais plus que c'est une compagne de voyage novice. Pour ce qui est du problème de la ville. Il se trouve qu'une sirène était retenue prisonnière dans un entrepôt et que son père voulait la récupérer.

— Une sirène ? Tu te fous de nous ?

— Absolument pas. Lorsque nous sommes arrivés à Sendra, Syara a tout de suite compris que quelque chose n'allait pas et elle a sauté dans l'océan déchaîné pour le rencontrer. Elle lui a alors proposé son aide et, après l'avoir retrouvé, elle a fait sauter le barrage pour les réunir de nouveau.

— Si tu essaies de te payer notre tête, ça n'est pas drôle, râla Valana.

— Je jure sur ma basse que ce que je dis est vrai. Tu es contente ?

— Et pourquoi est-ce qu'elle ne va pas bien en ce moment ?

— A notre retour, nous sommes passé par un village qui nous avait accueilli à l'allée. Tous les adultes avaient disparu et le seul qui restait nous a demandé de l'aide. Nous sommes partis à leur recherche et, après une semaine de chevauché, nous les avons trouvés, morts, tués par un cerbère. Depuis, Syara se sent responsable et coupable d'avoir failli à cette mission.

— Un cerbère ? Vous avez réussi à vous en tirer face à cette horreur ?

— Désolé, mais je préfère ne pas en parler.

— Comme tu voudras. Reposons-nous un peu, nous repartirons dans quelques heures.

— Je prends le premier tour de garde, dit Mor.

Les démons restèrent un peu à parler autour du feu de camp, puis s'enroulèrent dans leur couverture pour récupérer des forces afin d'atteindre la forêt de Trelazar au plus vite le lendemain.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant