Le violon de cristal: les partitions perdues

Chapitre 56: les pouvoirs du grand-père (Syara)

— Mais où est-ce que tu vas ? Attend-moi enfin ! se plaignit Rael en rejoignant Syara au pas de course.

Sa jambe soignée, la beast pouvait enfin marcher à son allure habituelle, si bien que son ami avait du mal à la suivre. Elle ralentit cependant un peu pour que l'elfe puisse la suivre et lui expliqua brièvement sa rencontre avec les villageois des plaines et, plus précisément, avec Alan. Elle lui parla aussi de son passé de mage et de son pouvoir de vision.

Real écouta patiemment, malgré tout, il ne comprit pas pourquoi elle avait besoin de ce pouvoir. Même s'il insistait, elle restait obstinément silencieuse, au mieux évasive.

Après une longue marche, les deux mages arrivèrent enfin en vu de l'orphelinat. Le bâtiment, presque en ruine lorsque les dirigeants de la ville leur avaient confié une semaine avant, était à présent comme neuf. D'après sa taille, il pouvait accueillir bien plus que les enfants du village. Bientôt, ils ne seraient plus les seuls à y habiter et, au moins, ses pauvres enfants trouveraient ici tout ce dont ils ont besoin.

La jeune femme allait toquer à la porte, mais son bras se contracta, si bien qu'elle ne put achever son geste. Que lui arrivait-il ? Encore ce sentiment d'être confronté aux regards des enfants. Sa respiration s'accéléra avec la panique qui commençait à la gagner. Pourtant, ça n'était pas logique. Elle les avait accompagnés jusque-là alors pourquoi ressentait-elle ça ? Sa discussion avec Fos lui revint soudain en tête. La chose qui se nourrissait de ses émotions négatives faisait tout pour qu'elle continue à se sentir mal.

Dès qu'elle s'en rendit compte, tous les symptômes de choc disparurent et Syara put enfin frapper à la porte. Contre toute attente, c'est une femme elfe, un peu plus âgée qu'elle, du moins en apparence, qui lui ouvrit.

— Bonjour, salua-t-elle. Puis-je vous aider ?

— Heu... Bonjour, répondit la beast, quelque peu déstabilisée. Je suis venue voir Alan. Il est là ?

— Oui. Je vais aller le chercher. Qui dois-je annoncer ?

— Syara.

— Alors c'est donc vous ? Les enfants n'arrêtent pas de parler de vous.

Au même moment, l'un des enfants passa devant la porte d'entrée et reconnut la personne qui leur rendait visite. Immédiatement, il se mit à courir partout en disant qu'elle était venue. Apparemment, l'elfe ne mentait pas.

Il ne fallut pas longtemps à attendre avant que le grand-père ne vienne à son tour, suivi de tous les rescapés du village. Celle qui avait ouvert comprit alors qu'il n'était plus nécessaire d'aller prévenir le gérant de l'orphelinat et les laissa entrer.

— Ils attendaient tous ton retour avec impatience, sourit Alan en l'embrassant.

— Pourquoi ?

— Certains étaient assez bien placé pour voir ce que tu as fait aux bandits pendant le voyage. Tu es devenue un modèle pour eux et ils n'arrêtent pas de jouer à reproduire cette scène. Aux grands damnes d'Irinne et de moi-même qui avons peur qu'ils se blessent.

— Tu viens jouer avec nous ? demanda une fillette en prenant de ses deux mains celle de la beast.

Syara se baissa à sa hauteur et lui sourit chaleureusement.

— Je dois parler un petit peu avec grand-père, mais c'est promis, je vous rejoindrais dès que j'aurai terminé.

— D'accord.

La jeune femme sentait dans la voix de l'enfant qu'elle était déçue de ne pas pouvoir jouer avec elle tout de suite. Il fallait qu'elle trouve une solution pour l'occuper en attendant.