Chapitre 145 : mission de sauvetage

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 Lorsque Phi se posa sur une place déjà à moitié consumée par le feu, la princesse eut l'impression de retrouver ses esprits. En voyant que personne ne bougeait, son corps avait réagi de lui-même et l'avait conduite jusqu'ici. La chaleur était insupportable et lui donnait envie de faire demi-tour pour se réfugier dans les bras de sa mère. Elle allait d'ailleurs le faire lorsqu'un cri retentit dans l'une des maisons de la place. Quelqu'un était bloqué et appelait désespérément à l'aide.

Rapidement, elle localisa l'appel de détresse et se rua sur la porte. De toutes ses forces, la petite fée poussa ou tira dans l'espoir de l'ouvrir, mais il n'y avait rien à faire, elle refusait de bouger malgré toute la volonté qu'elle y mettait. En entendant que la personne frappait elle aussi à la porte, Phi tomba à genoux, une larme roulant sur sa joue.

— Je suis désolée, pleura-t-elle. Mon père avait raison, je suis une incapable.

Soudain, la princesse sentit une main se poser sur son épaule. En se retournant, elle vit que Telak la regardait avec un léger sourire aux lèvres.

— Tu n'as pas à faire ça seule. Ensemble, nous sauverons tout le monde, lui assura-t-il.

À son tour, Rael se posa et prit délicatement Phi par le bras pour l'éloigner de la porte. Après avoir demandé à la fée prisonnière de s'écarter de la porte, Telak invoqua son instrument et fit apparaître en quelques notes un monticule de terre sous la porte qui, en grandissant, finit par la briser. Un homme sortit alors de la maison et s'effondra presque devant le mage.

— Y a-t-il encore du monde à l'intérieur ? questionna Rael.

— Non, je vis seul, assura-t-il.

— D'accord. Allez vous mettre à l'abri, nous nous occupons du reste.

— Merci, merci beaucoup !

— On continu, décida Telak tandis que celui qui avait été sauvé partait du quartier en feu.

La princesse et les deux mages s'engouffrèrent dans une première rue, au cœur de la fournaise. La chaleur était véritablement insupportable et, pour se protéger, Phi puisa en elle la force de faire apparaître un dôme transparent doré qui la recouvrait, elle et les deux mages. À l'intérieur, la température était tout à fait acceptable et l'air était purifié.

— Tu peux maintenir ce sort longtemps ?

— Je crois, oui. Ce sort permet aussi de soigner les personnes qui se trouvent à l'intérieur.

— Bien. Rael et moi allons tenter de retrouver les personnes prises au piège et te ramener ceux qui ne pourrons pas s'échapper d'eux-mêmes. Il faut trouver une zone ouverte et facile à repérer qui se trouve au cœur du quartier.

— La place centrale. Suivez-moi !

Tout en maintenant son sort, Phi prit son envol et pointa une zone devant elle. Tous les trois se rapprochèrent de l'endroit visé et virent qu'il était aussi en proie aux flammes.

— Rael, commence les recherches, je vais éteindre cette zone.

— D'accord.

— Si grâce à tes pouvoirs, tu pouvais dire aux rescapés qui n'arrivent pas à sortir du quartier de venir sur cette place, ça nous arrangerait aussi.

En signe d'acquiescement, l'elfe noir se mit à chanter un chant lyric avec une voix alto. Son collier, instrument lié des chanteurs, se mit alors à briller légèrement.

— Que toutes les personnes qui n'arrivent pas à quitter le quartier viennent se réfugier à la place centrale ! transmit-il, sa voix portée par son sort de vent. Si vous êtes coincés quelque part, réfugiez-vous dans l'endroit le plus sûr que vous trouvez et manifestez-vous aussi fort que vous le pouvez lorsque vous entendrez un sifflement !

Le message passé, le collier s'éteignit. Avant de partir en mission de sauvetage, Rael se tourna vers le bassiste et posa ses mains sur les oreilles du démon. Une nouvelle fois, l'elfe chanta dans une langue inconnue et le démon sentit que quelque chose avait changé en lui.

— Avec ça, tu pourras entendre même un murmure de détresse et tu émettras un sifflement à ton passage pour donner le signal aux personnes à secourir.

— Oui, j'entends déjà quelqu'un appeler à l'aide en dessous de nous.

— J'y vais. Vous, occupez-vous de la place.

Tandis que Rael redescendait dans la rue, Telak et Phi volèrent vers le lieu de rendez-vous. La princesse admirait ces mages qui gardaient leur sang-froid en toute circonstance et fonçaient vers le danger sans aucune crainte. Et ils n'étaient pas les seuls à agir. En levant la tête, elle vit qu'un bout de la paroi qui menaçait de tomber était retenu par des ronces qui ne cessaient de grandir. C'était sans aucun doute l'œuvre de Syara. Ils étaient tous formidables, mais elle, intérieurement, était terrorisée. Seul le fait qu'elle pouvait sauver des vies la faisait encore tenir.

Grâce à son pouvoir de terre, le démon étouffa les flammes en les recouvrant de sable et libéra de l'espace pour accueillir les réfugiés. Ceux-ci ne tardèrent pas à arriver. Un couple, en entendant l'appelle du mage d'air, avait réussi à se frayer un chemin vers la place. Leurs ailes avaient été touchées par les flammes et ils étaient incapables de voler.

— Princesse ? s'étonna l'homme en entrant dans la protection. Ne restez pas ici, c'est bien trop dangereux !

— Non ! Il est de mon devoir de vous venir en aide ! affirma-t-elle en essayant de paraître aussi brave que les mages.

Alors que Rael ramenait avec lui une personne sérieusement brûlée aux bras, Telak finit d'éteindre la place et se lança à son tour dans les rues. Pendant de longues minutes, les deux mages allaient et venaient, les bras chargés d'autres citoyens désespérés qui n'arrivaient pas à s'échapper.

Le dôme fut, en peu de temps, trop petit pour accueillir autant de monde. Phindéréllia puisa alors dans ses ressources pour l'agrandir jusqu'à ce qu'il recouvre toute la place. Debout au centre de tout le monde, le regard qu'ils lui lançaient lui donnait du courage et de la force.

Chez les fées, naître avec des pouvoirs n'était pas quelque chose de commun et départageait souvent la noblesse et les simples citoyens. Elle qui était née avec ce don se devait de l'utiliser pour ceux qui n'en avaient pas.

Les minutes passèrent et déjà plus d'une centaine de fées s'étaient réunis sous son dôme. Ils ne le savaient pas, mais chaque personne blessée qui se trouvait à l'intérieur prenait un peu plus de l'énergie de la princesse pour être soigné.

Soudain, un craquement sourd retentit au-dessus de leur tête. Il y en avait déjà eu, mais pas d'aussi puissant. Les ronces qui retenaient l'immense bloc n'arrivaient plus à le retenir et étaient rongées elles aussi par le feu. Celles-ci se rompirent presque toutes en même temps et la paroi s'effondra sur le quartier tandis que les habitants poussaient des cris d'effroi.  

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant