Chapitre 146 : Souvenirs, souvenirs...

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 Dans l'arène qui surplombait la ville, alors que Syara se tenait au bord et tentait tant bien que mal de retenir la paroi qui menaçait de s'effondrer sur le quartier en contrebas, Elyazra, elle, était occupée avec la fée pyromane. Celle-ci se tenait toujours hors de portée d'elle, aussi haut qu'il le pouvait en étant contraint par la barrière qui formait un plafond infranchissable. Malgré ses nombreux essais infructueux, il continuait à bombarder la demi-dragonne de boules de feu pour la tenir à distance.

— Écoute, commença Elyazra. Voilà ce qu'on va f...

Avant qu'elle n'ait fini sa phrase, la jeune femme reçut de plein fouet un sort de l'adversaire qui explosa. Encore une fois, elle en ressortit indemne, comme-ci rien ne s'était passé.

— Je disais donc, voilà ce qu'on va fai...

De nouveau, un projectile enflammé la percuta et la coupa dans sa phrase.

— Tu vas...

Complètement sourd ou bien n'ayant pas envie d'entendre ce qu'elle avait à dire, l'homme lança une nouvelle boule de feu vers elle. Cependant, celle-ci n'explosa pas au contact de la demi-dragonne qui, d'un revers de la main, l'envoya s'écraser un peu plus loin.

— Laisse-moi parler bordel ! s'énerva-t-elle.

Sa patience, déjà loin d'être légendaire, était à bout. En tapant du pied sur le sol, Elyazra le recouvrit entièrement de flammes noires qui lui montaient jusqu'à la taille. La fée écarquilla alors les yeux et se demanda comment il pouvait venir à bout d'un monstre pareil pour qui ses sorts étaient inefficaces. Lui qui avait confiance en ses pouvoirs regrettait à présent de ne pas avoir pris au moins une lame avec lui.

Grâce à son feu noir, elle avait réussi à capter son attention. Il était plus enclin à l'écouter, cependant, elle n'avait plus vraiment envie de parler avec lui. Sans dire un mot, Elyazra leva une main en l'air. Les flammes sous la fée se mirent alors à s'agiter et à grandir. En un instant, elles prirent la forme d'une tête de dragon qui, mâchoire grande ouverte, fonça sur son adversaire.

La fée esquiva les crocs de la bête qui changea immédiatement de direction pour la poursuivre. Pendant plusieurs secondes, les deux entités volèrent dans la cage de lumière dorée tel une mouche qui voudrait échapper à un oiseau.

Malgré toutes ses tentatives pour s'enfuir, l'homme se retrouva bloqué dans un coin et, dans un dernier geste de désespoir, lança un dernier sort sur la tête de dragon qui ne fit qu grossir à son contact.

S'attendant à l'impact, Resh ferma les yeux et serra les dents. Malgré le temps qui passait, il ne ressentait aucune douleur. Avait-elle annulé son sort au dernier moment ? Était-il mort sur le coup ? En ouvrant les yeux, la fée se rendit compte qu'elle était plongée dans l'obscurité la plus totale. Il n'arrivait même pas à distinguer ses membres ou le bout de son nez.

Pour savoir où il se trouvait, il invoqua un orbe de feu qu'il garda en main. Malgré la chaleur qu'il ressentait sur sa paume et ses doigts, signe que son sort avait réussi, il n'y voyait toujours rien. Était-il devenu aveugle ? Avant qu'il ne trouve de réponse à la moindre question qu'il se posait, quelque chose attira son attention. Un point lumineux dans cette étendue d'obscurité semblait l'appeler.

Sans qu'il ne leur en ait donné l'ordre, Resh sentit ses ailes s'agiter et l'emmener vers la lumière qui, peu à peu, révéla ce qu'elle était vraiment. Comme posée au milieu des ombres, l'entrée du palais avait été reconstituée dans cet endroit sordide et était éclairée de la même manière que s'il était au royaume des fées. En se posant à terre, il remarqua qu'il n'était pas seul. D'autres fées, des nobles à leur tenue, discutaient entre elles. L'une d'elles attira tout particulièrement son attention. C'était lui, ou plutôt, lui quelques années avant.

Avant qu'il ne comprenne ce qui se passe et ce que faisait ce double du passé ici, des rires retentirent en haut des marches. Tout le monde se retourna et vit une petite fée courir en regardant derrière elle.

— Attention ! hurla une noble.

Trop tard. Avant qu'elle ne s'en rende compte ni que qui que ce soit n'ai pu intervenir, la petite fée avait fait un faux pas et était tombée dans l'escalier. Resh était resté stoïque devant la chute alors qu'à sa place, il pouvait largement intervenir. Il avait compris ce que son adversaire était en train de faire.

Son double cependant n'était pas resté de glace devant la chute et s'était précipité auprès d'elle pour voir si tout allait bien.

— Princesse ! Vous n'êtes pas blessée ? s'inquiéta-t-il en l'aidant à se relever.

Accusant d'abord le choc, la petite examina ses avants-bras et ses genoux écorchés, puis fondit en larmes. Le Resh du passé la prit immédiatement dans ses bras et la berça doucement.

— Ça n'est rien, lui assura-t-il. Juste quelques égratignures. Dans quelques heures, vous ne les sentirez même plus.

Même si ses paroles se voulaient réconfortantes, la petite fée continuait de pleurer, blottie contre lui. Le double décida alors de changer de tactique et invoqua dans l'une de ses mains de petites flammes qui montaient à quelques centimètres pour exploser en des dizaines d'étincelles. Attirée par ce petit feu d'artifice, la princesse cessa ses cris et s'essuya les yeux pour mieux voir le spectacle. En peu de temps, les pleurs avaient laissé leur place aux rires et à la joie chez la petite qui avait déjà oublié la douleur de sa chute.

Son sourire de plus en plus marqué, l'enfant approcha sa main des flammes. Réactif, Resh écarta promptement sa main et sourit à la princesse.

— Attention, vous pourriez vous brûler, prévint-il. Toutes les choses de la vie sont comme ces petites flammes. Elles peuvent être merveilleuses, mais faire mal si on ne fait pas attention. Mais sachez une chose princesse, nous serons toujours là pour faire attention à ce que vous ne vous fassiez pas mal. À présent, je crois qu'il est temps pour vous de retourner jouer. Vos amis doivent vous attendre.

À ces mots, Resh éteignit le petit feu d'artifice et libéra la princesse de son emprise qui s'empressa de remonter les escaliers. Le noble la regarda s'en aller et remarqua alors qu'une autre personne descendait dans sa direction. Ça, ça n'était pas dans ses souvenirs, se rappela le Resh du présent.

— Bonjour Resh, salua Elyazra avec un large sourire, une fois arrivée en bas des marches. Pourrais-je vous parler un instant ? Je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant