Chapitre 79 : mauvaise gestion

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En attendant que les préparatifs du festival ne soient terminés, le groupe s'installa à la terrasse d'un bar sur l'une des grandes place de la ville et commandèrent de quoi se désaltérer. L'endroit était déjà rempli de curieux et d'habitués qui ne voulaient pas manquer le début des festivités et ce, pour le plus grand bonheur des commerçants qui voyaient leur chiffre d'affaires grimper.

— Tu es revenu quand ? questionna Syara à l'intention de Telak.

— Il y a à peine quelques heures, l'informa-t-il. Je me suis tout de suite dirigé vers ton appartement pour voir comment tu allais. Je vois que tu t'es remise de cette épreuve.

— Il m'est arrivé certaines choses qui m'ont fait aller de l'avant. Et je sais tout ce qui s'est passé près des montagnes. Tu avais raison de ne pas vouloir m'en parler, je ne l'aurai sans doute pas supporté à ce moment-là

Pendant un court instant, le visage du bassiste trahit sa surprise. À part lui, personne ne savait ce qui était arrivé et il était improbable qu'elle ait découvert seule qu'un être étrange, maléfique et surpuissant avait pris le contrôle de son corps lors du combat. L'expression qu'arborait la jeune femme traduisait son envie de ne pas en parler en public, ce que le démon comprit instantanément.

— Et donc, qu'as-tu fait pendant mon absence ?

— Tout d'abord, je suis allée au hall pour trouver quelqu'un qui pouvait me soigner. J'y ai retrouvé Rael qui m'a aidé dans mes recherches. Ensuite, je suis allée voir Alan et les enfants, puis j'ai rencontré Guard et Elyazra et depuis, je m'entraîne à maîtriser mes pouvoirs pour être un peu plus préparée lors de notre prochaine mission.

— Tu te sens prête à repartir ?

— Elle a intérêt, s'exclama Elyazra. Elle m'a promis de partir avec nous en mission dès que tu serais de retour alors maintenant que tu es là, je ne vais pas pouvoir patienter encore bien longtemps.

— C'est aussi ce que nous avions promis à Rael, remarqua Telak.

— On serait donc cinq. Ça n'est pas un peu trop ? Demanda Guard.

— Tout dépend de la mission. Certaines requièrent le plus de monde possible, comme la protection d'une ville. D'autres demandent des groupes restreints à trois au maximum pour la discrétion. En fait, le groupe de cinq est le plus répandu pour les missions. Nous n'aurons pas de mal à en trouver une qui nous convienne.

— Je n'en suis pas si sûre, contredit Syara. Même si nous sommes cinq, ils ne considéreront que l'équipe n'est constituée que de trois mages.

— Trois ? Elyazra n'est pas mage ? rétorqua le démon, étonné.

— Pas exactement. Elle utilise la magie sans pour autant faire appel à un instrument ou à des objets enchantés. Je lui ai demandé comment elle faisait, mais elle n'a pas voulu me répondre.

— Hého, je suis là, appela la chasseresse. Arrêtez de parler comme si j'étais absente.

— Désolé, mais j'ai pensé qu'il était plus rapide de résumer la situation ainsi plutôt qu'il te pose les mêmes questions que moi je t'ai posé à notre rencontre.

— Même ! Je pense que je suis plus qualifiée pour parler de moi que toi !

— Et c'est reparti, souffla le satyre.

Une nouvelle fois, les deux jeunes femmes commencèrent à se crier dessus et à se dire leurs quatre vérités en montant d'un ton à chaque phrase. En un rien de temps, elles attirèrent les regards de tous ceux installés à la terrasse. Cela ne semblait pas les déranger pour autant puisqu'elles continuaient en changeant à chaque fois de sujet pour surenchérir et reprocher une nouvelle chose. Telak tenta de les calmer, mais fut dissuadé par Guard qui, avec un regard insistant, lui indiqua qu'il était inutile de s'en mêler.

Au final, après plusieurs minutes de dispute, elles se mirent toutes deux d'accord sur le fait que tout était de la faute du satyre et le pauvre ancien bandit en prit une nouvelle fois pour son grade. Il ne chercha même pas à répliquer et prit sur lui pour encaisser tous les reproches sans broncher.

— Vous êtes dures avec lui, réprimanda Telak. Le pauvre n'a rien à voir avec la majorité de ce que vous vous reprochez et vous lui mettez tout sur le dos.

— Ne vous en faites pas. Tant que ça leur permet de se calmer, ça me va, sourit Guard. Mais, pour en revenir au sujet principal, il va vraiment falloir trouver une mission si on ne veut pas se retrouver sur la paille.

— Pourquoi tu dis ça ? demanda la chasseresse.

— Parce que tu bois comme cinq et que ça commence à se ressentir côté budget.

— Hé ! Ça ne se fait pas de dire ça ! la défendit Syara.

— Quant à toi, tu engloutis littéralement ce qu'il nous reste en mangeant comme trois à chaque repas.

Elyazra allait pour dire quelque chose, mais se ravisa et referma la bouche en scrutant son verre. Telak comprit qu'elles se comportaient peut-être comme deux petites pestes avec le satyre, mais qu'elles ne trouvaient rien à redire lorsqu'il leur montrait leurs vices. Il n'était pas autant sans défense qu'il le croyait.

Cependant, à voir leur tête, il avait touché un point sensible. Syara n'avait presque rien gardé de la récompense de sa précédente mission et ils devaient vivre sur leurs économies jusqu'à ce qu'ils repartent en mission. De plus, la beast lui avait appris qu'elle avait engagé un instructeur pour progresser plus rapidement ce qui, il le savait, était loin d'être un service gratuit.

— Il nous reste combien ? questionna faiblement la violoniste dont le sourire avait disparu.

— De quoi tenir encore une petite semaine sans faire de folie, répondit l'ancien bandit.

— Tu gères leur argent ? Elles sont assez grandes pour le faire elles-mêmes non ?

— Elyazra n'a pas la notion de l'argent et a dépensé tout ce qu'elle avait sur elle en quelques jours et Syara se laisse un peu trop facilement embarquer alors j'ai été obligé de les restreindre avant qu'elles ne finissent sans rien.

— Désolé, s'excusèrent les deux femmes.

— Ça n'est pas grave, rit le démon. Ce soir, pour fêter mon retour de mission, c'est moi qui invite !

Il n'en fallut pas plus pour leur redonner le sourire. C'était décidé, ce soir, ils pourraient tous s'amuser sans penser aux conséquences de leurs dépenses et partiraient en mission dans la semaine pour pouvoir maintenir leur rythme de vie dépensié.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant