chapitre 137 : Une nouvelle épreuve ?

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Sa clé pour accéder à l'épreuve suivante en main, Syara ne chercha même pas à attendre les derniers qualifiés. De toute façon, savoir qui elle allait affronter ensuite n'avait que peu d'importance. Elle ne connaissait personne ici et ne comptait, de toute façon, pas s'attarder sur eux. Son objectif était de récupérer Phi, rien de plus.

Comme les autres avant elle, une personne était venue la chercher et l'avait emmenée à l'intérieur du palais. Après avoir arpenté quelques couloirs, le guide invita la beast à entrer dans une salle sombre. Méfiante, Syara signifia avec un regard noir, appuyé et à glacer le sang qu'il était dans l'intérêt du guide que ça ne soit pas un piège. Celui-ci déglutit de peur, mais ne bougea pas.

Dès que la violoniste se retrouva à l'intérieur, la porte se referma derrière elle. Juste avant, grâce à la lumière du couloir, elle avait eu le temps d'apercevoir à peu près la pièce. Elle était spacieuse, mais elle n'avait vu aucun meuble. Qui avait eu l'idée d'enfermer quelqu'un ainsi dans le noir ? Cela faisait-il parti d'une autre épreuve ? S'ils comptaient sur ça pour la déstabiliser, ils étaient mal tombés.

La beast invoqua son violon et le serra dans sa main. Sans utiliser le moindre sort ni jouer la moindre note, l'instrument se mit à luire d'une lumière bleutée et éclaira la pièce. Comme elle s'y attendait, l'endroit était totalement vide, comme ci elle avait été vidée de tous ces meubles. La seule chose remarquable était les huit portes qui lui faisaient face.

Sans vraiment hésiter, la violoniste tenta d'ouvrir celle qui était la plus proche, mais elle demeurait fermée. Cela l'étonna d'autant plus vu qu'il n'y avait pas de serrure. Un verrou se trouvait peut-être de l'autre côté.

Un instant, Syara pensa à l'enfoncer, mais se ravisa en se disant qu'elle ne pourrait pas utiliser la force à toutes les épreuves. Elle préféra donc inspecter les autres portes avant de tenter quoi que ce soit de ce genre. Sur les huit portes étaient semblables, à une exception près. Cinq d'entre elles n'avaient pas de serrures alors que les trois autres en avaient.

Une clé comme récompense de la dernière épreuve, cinq portes sans serrures, cinq qualifiés avant elle... Les pièces du puzzle s'assemblèrent dans sa tête et la beast choisit une porte avec serrure dans laquelle elle inséra la clé que Phi lui avait remise.

Dès qu'elle fut à l'intérieur du trou, la clé dorée se brisa et se désagrégea en une centaine d'étincelles dorées et violettes.

— Et merde ! ragea la beast.

L'objet de son épreuve avait encore été trafiqué ! Tout ceci commençait à devenir lassant. Cette fois-ci, s'en était fini du petit jeu du roi. Elle allait l'affronter directement, récupérer Phi par la force et retourner le château pour retrouver le fragment des partitions d'Atéa.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir par la porte qui l'avait amenée dans cette pièce, quelque chose attira son attention. La lumière du violon avait faibli pendant un instant pour lui faire remarquer que les étincelles de sa clé s'étaient agglutinées sur le verrou et la poignée. Peut-être n'était-elle pas trafiquée finalement.

En posant sa main sur la poignée, elle ne ressentit pas la même résistance que pour celles qu'elle avait tenté d'ouvrir jusque-là. En tirant, la porte s'ouvrit sur un autre couloir de quelques mètres, éclairé celui-ci, qui se terminait par un présentoir. Lorsqu'elle franchit le pas de la porte, celle-ci se referma derrière elle en un claquement sec qui la fit sursauter et se retourner. La porte était devenue comme les cinq autres, elle avait perdu sa serrure. Elle était aussi verrouillée, impossible de l'ouvrir en tournant simplement la poignée.

Cette épreuve était bien curieuse, pensa-t-elle en révoquant son instrument devenu inutile. Après quelques pas, Syara alla voir ce qui se trouvait sur le présentoir. Dessus, une simple enveloppe cachetée était posée. La beast ne pensa même pas à vérifier s'il y avait un quelconque piège et se saisit de la lettre qu'elle ouvrit en défaisant le sceau.

À l'intérieur, elle trouva un simple papier sur lequel était inscrit un simple signe qu'elle n'arriva pas à déchiffrer.

— C'est de l'écriture féerique, un chiffre plus précisément, lui indiqua Fos.

— Un chiffre ?

— Oui, le deux pour être plus exacte. Après, savoir ce que signifie ce deux, c'est une autre histoire.

Tandis que l'esprit et la beast réfléchissaient à la signification de ce message, le mur du fond se mit à briller. La lumière, d'abord homogène, se concentra peu à peu à certains endroits pour former un grand rectangle. Les lignes ainsi formées s'illuminèrent plus intensément au point d'en éblouir Syara.

Lorsque enfin les lignes disparurent, le mur plein avait laissé sa place à une façade pourvue d'une porte.

— J'espère que ce petit jeu est bientôt fini, je commence à en avoir marre.

— Si tu en as déjà assez, tu n'aurais jamais pu accompagner Telak lorsqu'il est parti à la recherche d'un des fragments des partitions d'Atéa, commenta l'esprit.

— Si tu le dis, rétorqua-t-elle avec un hochement d'épaules tout en poussant cette nouvelle porte.

Cette fois-ci, la pièce dans laquelle elle entra n'était pas plongée dans le noir. Il y avait aussi des meubles et elle n'était pas seule. Dans ce salon spacieux et éclairé par la lumière extérieure qui traversait de grandes fenêtres, les autres concurrents qui s'étaient qualifiés avant elle attendaient. Trois d'entre eux restaient dans leur coin, assis sur un fauteuil ou debout devant une fenêtre, les deux autres ne s'étaient pas gêné pour fouiller dans les placards et se servir une boisson orange tout en parlant fort... Très fort.

Grâce à la crise qu'avait faite Elyazra lors de leur arrivée, Syara savait que ce qu'ils se servaient n'était pas de l'alcool, et pourtant, ils avaient l'air complètement ivres. Le premier se voyait déjà être au plus près de la famille royale tandis que l'autre se vantait de « faire voler la princesse sans qu'elle ait besoin de ses ailes ». La beast eut du mal à se retenir de leur enfoncer son poing dans leur figure. Elle allait d'ailleurs se décider à le faire lorsque les deux dernières portes s'ouvrirent presque en même temps.

Peu de temps après que les deux derniers concurrents ne soient arrivés, le roi entra à son tour. Il regarda un à un les qualifiés, puis leur intima de se rapprocher de lui.

— Vous étiez plus d'une centaine à avoir répondu à l'appel pour avoir la main de la princesse Phindéréllia, et vous voici à présent réuni. Les huit plus talentueux, même vous gardienne des partitions. Vos méthodes sont peu communes, mais les faits sont là.

Le fait qu'il reconnaisse cela étonna grandement Syara, mais elle ne montra aucune émotion. Soit il envisageait réellement qu'elle l'écoute, se marie avec Phi et lui fasse un enfant, soit il disait cela pour sauver les apparences. Dans tous les cas, il serait déçu du résultat final.

— Cependant, à la fin, seul l'un d'entre vous aura le privilège de revendiquer sa main et, pour cela, il vous reste une dernière épreuve. Vous avez sans doute en votre possession un papier avec un numéro dessus.

Chacun leur tour, les concurrents sortir l'objet qu'il venait d'évoquer et le montrèrent.

— Cette dernière épreuve montrera votre détermination et votre force. Ce sera un combat en un contre un. La personne avec le numéro un affrontera le numéro deux, le trois affrontera le quatre et ainsi de suite. Le vainqueur du premier combat sera confronté à celui du deuxième et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une seule personne.

— Quand commençons-nous, s'impatienta l'un de ceux que Syara avait failli frapper.

— Dans quelques heures. Mais avant ça, vous allez chacun rencontrer la princesse en privé. Cela vous permettra de la connaître un peu mieux et donnera sans doute du courage à certains d'entre vous pour que vous donniez votre maximum.

Ça, il pouvait en être certain. Enfin, Syara allait pouvoir revoir Phi et lui parler sans qu'elle soit aux côtés de son père. Enfin, elle allait pouvoir lui dire de ne pas s'en faire. Un combat contre des fées ? Rien de plus facile ! Ils ne feront pas le poids face à elle.

— Vous allez passer par ordre de qualifié à la seconde épreuve. Que le premier me suive.

À ces mots, l'un de ceux qui était resté discret s'avança et quitta la pièce avec le roi, laissant seul les autres concurrents.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant