Chapitre 176 : Réveil douloureux

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 Des bruits de pas, des voix, des rires, des odeurs de propre à la forêt et à la nature furent les premières choses que Fos perçut lorsqu'il se réveilla. Allongé sur une surface molle qui devait être un matelas, le mage ouvrit les yeux et inspecta ce qui l'entourait. Il se trouvait visiblement dans une petite chambre presque vide. En vérité, les seules choses remarquables qui s'y trouvaient étaient le lit et la forte lumière qui passait au travers de la fenêtre.

— Enfin réveillé ? Entendit-il tandis que le visage de son ami apparaissait dans son champ de vision. Comment te sens-tu ?

— Rien que cligner des yeux me fait mal, répondit Fos en souriant légèrement. Par contre, je crois que j'ai un petit problème de mémoire. Je ne me souviens pas de tout.

— Et quelle est la dernière chose dont tu te souviennes ?

— Je t'ai lancé un gland en pleine tête, se rappela-t-il.

— Dans ce cas, ça n'est pas étonnant que tu ne te souviennes plus de la suite. Tu t'es évanoui juste après.

— Et je suis resté inconscient combien de temps ?

— Deux semaines. J'ai bien cru que tu allais y rester cette fois-ci.

— À vrai dire... J'ai eu quelques doutes moi aussi. Si mes souvenirs sont exacts, la forêt est redevenue luxuriante, ce qui veut dire que nous avons réussi. Qu'en est-il du cristal ?

Sans répondre, Shay passa ses deux mains au-dessus du corps du mage. Une douce lumière dorée sortit alors de ses paumes et Fos sentit la douleur qu'il ressentait un peu partout s'atténuer. Les sensations revinrent peu à peu dans ses membres et le rassurèrent. Mise à part de la souffrance, il n'avait jusque-là pas réussi à ressentir autre chose en dessous de ses épaules et craignait d'être devenu paraplégique.

Sans se presser, il bougea d'abord des doigts et ses orteils, puis ses mains et ses pieds et continua ainsi jusqu'à remonter à son torse. Une fois ses muscles réveillés, il tenta de se lever, mais manqua presque de tomber dès qu'il se mit debout. Shay réussit à le retenir à temps et, pour l'aider et éviter tout accident, le dragon passa le bras de son ami par-dessus ses épaules pour lui servir de béquille.

— C'est gentil de me soigner, mais tu ne m'as pas répondu.

— Je préfère te le montrer, lui répondit Shay.

Ensemble et à une allure lente pour que Fos ne fasse pas de faux pas, les deux compagnons sortirent de la chambre et se retrouvèrent directement dehors. Dès qu'il franchit la porte, le mage dût se cacher les yeux de sa main libre pour ne pas être totalement ébloui. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu une lumière aussi étincelante que celle dont baignait les environs.

Peu à peu, ses yeux s'habituèrent à cette luminosité et le mage put détailler les environs. La première chose qu'il remarqua était le nombre de fées qui allaient et venaient devant lui. Après s'être évanoui, ils avaient dû le rétrécir de nouveau pour qu'il soit plus facile à transporter. Certaines fées allaient et venaient en transportant de gros paquetages tandis que d'autres s'attelaient à la construction de bâtiments. Vu que leur ville avait été rasée, ils devaient tout reconstruire. Malgré tout, la plupart arboraient un large sourire que le mage n'avait encore jamais vu chez eux jusque-là.

Au loin, Fos remarqua une immense palissade de bois qui remontait tel une cloche et qui se finissait par... De nouveau, le mage fut ébloui. Les murs de la palissade se rejoignaient et maintenaient une immense sphère aussi lumineuse que le soleil !

— C'est quoi ce bordel... souffla-t-il.

— Cette sphère est la partie du cristal qui devait rester dans le sol. Par je ne sais quel procédé, elle s'est transformée et ça. En réalité, l'arbre qui a poussé à l'endroit de la ville des fées est creux et nous sommes à l'intérieur.

— Et tu en as d'autres des nouvelles comme ça à m'annoncer ?

— Oui. Même avec une taille réduite, cet endroit ne devrait pas sembler aussi étendu. De plus, nous avons découvert une autre brèche dans l'arbre, mais lorsque nous sommes sortis par celle-ci, nous ne sommes pas revenus dans la forêt, mais dans une grande plaine recouverte d'herbes.

— Tu veux dire qu'il y a un portail de téléportation qui mène ailleurs ?

— Ou bien que la scission du cristal a créé une autre dimension...

— Bon, eh bien je pense que je peux rajouter la création de monde à la liste des compétences qu'offre le violon, rit le mage. Qu'en est-il de l'autre morceau ?

Fouillant dans l'une de ses poches, Shay sortit un cristal aussi gros que son poing et le tendit à son ami.

— C'est tout ? s'étonna-t-il.

— Ne te fie pas aux apparences, il a subi la même chose que nous. En réalité, il fait environ un mètre trente de haut. Ça sera juste plus facile à transporter.

— Ou à perdre. Avec notre taille normale, il ne doit pas être aussi gros qu'une bille.

— Je lui ferai retrouver une taille correcte en temps voulu et te montrerai comment le faire revenir à son état d'origine.

— Me montrer comment faire ? Si je comprends bien, tu ne reviens pas avec moi, devina le mage.

— Même si l'un de nos objectifs était de les sauver, il n'en reste pas moins que nous avons détruit la ville des fées. Je vais les aider à la reconstruire et à se protéger des intrus. Il ne faudrait pas que quelqu'un se décide à raser la forêt sans savoir ce qu'elle abrite. Je te laisse t'occuper du rituel de lien. Tu sais comment tu vas t'y prendre ?

— Je pense que je vais transformer ce cristal en coffre qui analysera les capacités de la personne qui mettra sa main dedans. Si elle est assez puissante, il accélérera le processus du rituel et matérialisera directement l'instrument.

— créer un objet aussi complexe ne va pas être facile. Et si tu réussis, il est probable qu'il attire les convoitises.

— Je réfléchirai à une manière de faire pour que personne ne puisse s'en emparer et l'utiliser pour son propre profit personnel. Mais je pense que le plus difficile, une fois qu'il sera créé, sera de faire oublier à tout le monde l'ancienne méthode bien trop dangereuse. Je vais réfléchir à ça.

À ces mots, le mage se défit de l'emprise du dragon et fit demi-tour pour retourner dans la chambre.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je vais me coucher ! J'ai mal partout, je suis crevé et cette lumière me fait mal aux yeux ! Désolé, mais ton excuse d'aider à la reconstruction de cette ville pour ne plus m'avoir dans tes pattes ne marche pas. Je te nomme officiellement mon infirmier personnel. Et je te préviens... Je vais être un patient horrible ! jubila le mage avant de refermer la porte.

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Et pour conclure, un petit mot de fin pour remercier @rekeit qui a modifié la couverture afin que le personnage qui se trouve dessus colle plus avec Syara. Un grand merci à toi !!

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant