Chapitre 87 : Premier contact

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Devant le bois qui s'étendait au pied de la chaîne d'Hara, le groupe observait le versant qu'ils s'apprêtaient à escalader à l'aide d'un unique enchantement. Si le début paraissait n'être qu'une pente douce, la seconde partie, elle, était presque à pic. En soit, rien que d'imaginer le temps qu'ils allaient mettre pour rejoindre leur objectif était décourageant. À cela s'ajoutait la forêt de pins qu'il faudrait traverser et qui semblait, par endroit, assez dense pour les empêcher de passer.

— Faisons une pause ici, décida Telak.

— Quoi, déjà ? s'étonna la chasseresse.

— Le plus dur est devant nous et tous n'ont pas ton endurance.

Ne croyant cela qu'à moitié, Elyazra regarda un à un les membres du groupe. Telak transpirait un peu et soufflait légèrement, mais il n'aurait pas à subir l'épreuve de l'escalade. Syara, elle, était rayonnante et débordait autant d'énergie qu'elle. La beast semblait même prête à gravir la montagne sans enchantement et tout de même réussir à arriver en haut la première.

Cependant, elle ne retrouva pas cette même fougue chez Rael et Guard qui reprenaient leur souffle. Ils n'étaient visiblement pas habitués aux marches rapides de plusieurs heures. Quant à elle, elle pouvait très bien se passer d'enchantement, comme son amie, mais pourquoi se compliquer la vie quand une solution plus simple s'offrait à elle ? Finalement, Elyazra déposa son paquetage sur le sol et s'assit dans l'herbe.

— Alors ? Comment allons-nous procéder ? s'enquit Guard.

— Nous suivons le plan en utilisant les enchantements que Rael nous fera, déclara le démon. Cependant, j'ai l'impression que la roche ici est très friable, cela va ralentir notre progression.

— Une mauvaise prise et nous sommes fichus, déduisit la violoniste.

— Pas avec mes enchantements, rectifia l'elfe. Au pire, vous retomberez au pied de la montagne, mais en douceur.

— Je pourrais facilement détecter les endroits où vous pourrez ou non vous accrocher, mais cette précaution prendra du temps, ajouta le bassiste. Enfin, nous aviserons lorsque nous y serons. Pour l'instant, reposons-nous un peu avant de continuer.

Assis dans l'herbe, le groupe sortit les rations qu'ils avaient préparés et mangèrent en observant le versant de la Montagne. Ceux qui avaient la meilleure vue essayaient déjà de trouver le chemin le plus facile tandis que les autres pensaient déjà à la manière d'agir une fois qu'ils se retrouveraient face à la tribu de harpie. Cependant, Elyazra étant la seule à vraiment connaître ces créatures, il était difficile de savoir s'il était possible d'éviter un conflit et de parler avec eux. En tout cas, la chasseresse n'avait jamais vraiment essayé.

Au bout d'une vingtaine de minutes, tous rangèrent leurs affaires et s'engouffrèrent dans la forêt. Si l'orée ressemblait à un véritable barrage, ils furent tout de même rassurés en s'apercevant que le cœur était bien moins dense et encombré. Leur progression n'en serait que plus rapide. Du moins, s'était le cas s'ils ne rencontraient pas un obstacle à l'intérieur.

Alors qu'ils avaient parcouru la moitié du chemin, un cri perçant déchira le ciel. Sous les pins, le groupe ne voyait pas de quoi il s'agissait, mais ce simple son suffit à Elyazra pour qu'elle dégaine sa rapière et se mette à scruter le ciel.

— Qu'est-ce que c'était ?

— Une harpie. Ce cri sert à annoncer à ses congénères qu'elle a trouvée une proie.

— Pas très discret, commenta Syara en invoquant son violon.

Tandis qu'ils attendaient leur arrivée, les sens aux aguets, un bruissement fit frémir les oreilles de la beast qui, lorsqu'elle tourna la tête, vit une harpie qui leur fonçait dessus. De taille humaine avec un corps de femme, ses pieds et ses mains ressemblaient à des serres et de larges ailes de plumes partaient de ses bras.

Avec une grande rapidité, elle se saisit de Rael, enfonçant ses serres dans ses épaules et commença à le soulever sans qu'il ne puisse rien faire. Voir une créature comme celle-ci porter aussi aisément une personne était impressionnant et donnait une idée de la force qu'elle pouvait déployer, cependant, ce n'était pas le moment de s'extasier. Même si leur ami pouvait ralentir sa chute si elle le laissait tomber, il était possible que ses congénères le tuent pendant qu'il était à leur merci. Syara allait pour le libérer avec un sort qui, elle l'espérait, n'allait pas le toucher, mais avant que sa boule de feu ne se forme, un sifflement retentit et quelque chose vint se loger dans la gorge de la harpie qui s'effondra et libéra l'elfe. Arborant un sourire satisfait, Guard sortit un nouveau carreau de son carquois et rechargea son arbalète.

— Pas mal, commenta Elyazra.

— Je l'avais bien dit que je me débrouillais bien avec une arbalète, rétorqua-t-il.

Même s'ils avaient vaincu celle-ci, leur répit ne fut que de courte durée. Sortant d'entre les arbres ou descendant directement en piqué, une dizaine de ses congénères leur foncèrent dessus. Malheureusement pour deux d'entre elles, le sort qu'avait préparé Syara ne s'était pas dissipé et était prêt à être lancé. L'une des harpies qui était sortie d'entre les arbres n'eut pas le temps d'esquiver la boule de feu, tandis que celle d'à côté hurlait de douleur en s'écrasant au sol, recouverte de flammes noires.

Avant qu'elles n'arrivent à leur niveau, Guard tira un nouveau carreau qui alla se loger dans le tronc d'un arbre. De leur côté, Rael chantait pour créer des bourrasques de vent et les ralentir pendant que Telak essayait de les clouer au sol avec une pluie de pierres.

Sur les dix harpies, quatre d'entre elles arrivèrent au corps-à-corps. L'une d'elles se fit accueillir par la chasseresse qui, avec une force surhumaine, sauta et la saisit par la gorge pour la ramener violemment au sol avant de lui planter sa lame dans le cœur. La seconde s'en prit au satyre qui jeta son arbalète à terre et dégaina son épée.

La harpie enchaînait les coups de serres avec ses jambes et Guard essayait tant bien que mal de parer toutes les attaques malgré sa rapidité. Il n'arrivait cependant pas à toutes les contrer et se retrouva avec plusieurs entailles légères sur tout le corps. Il arriva malgré tout à passer sa lame aux travers des défenses de la créature et la blesser gravement à la hanche. La harpie hurla de douleur et battit frénétiquement des ailes pour reprendre de l'altitude.

— Retraite ! hurla l'une d'entre elle.

Avant que le groupe n'ait le temps de réagir, les harpies encore vivantes s'envolèrent et disparurent à travers les branches des arbres, laissant les cadavres de leur congénères aux mains de leurs ennemis.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant