Le violon de cristal: les partitions perdues

Chapitre 133 : Compétition équitable ?

 Le grand jour était enfin arrivé. Après deux jours d'entraînement acharné, Syara était fin prête à en découdre avec quiconque lui barrerait le chemin pour retrouver Phi. Le premier jour, elle avait réussi après d'innombrables chutes, à bien contrôler sa direction. Le soir, alors qu'elle avait mal partout, la beast s'était réjouie de pouvoir se soigner elle-même. La magie curative était l'une de celles qu'elle maîtrisait le mieux quand elle pouvait se permettre de prendre son temps et lui avait bien servi cette fois-ci. Grâce à elle, elle n'avait pas eu à subir le goût immonde d'une autre potion de Shay.

Cependant, cette magie n'avait pas résolu le problème de la fatigue et elle s'était endormie presque immédiatement après s'être couchée. Elle aurait aimé avoir un long sommeil réparateur, mais son objectif était de se lever aux aurores pour continuer l'entraînement. En plus de cela, elle avait dû lutter contre les incursions nocturnes d'Elyazra qui n'arrêtait pas d'entrer dans sa chambre pour se faufiler dans son lit. S'en était presque à se demander si cet acharnement était toujours une blague poussée trop loin ou si ces avances étaient réellement sérieuses. Finalement, Guard était venu à son secours et avait viré la demi-dragonne, puis barricadé la chambre en poussant le canapé contre la porte pour s'endormir dessus et monter la garde.

Au deuxième jour, s'était avec Telak que Syara s'était entraînée. Vu que le démon était habitué à voler, elle s'était perfectionnée auprès de lui et fait la course pour améliorer sa vitesse. Si pour le contrôle en vol, il n'avait pas été d'un grand secours, ici, il lui avait permis grâce à plusieurs conseils tels que comment négocier des virages à la perfection ou comment faire en sorte que la vitesse ne gêne pas la vue de tripler sa vitesse.

Tous deux s'étaient entraînés jusqu'à ce que la sphère luminescente semblable à l'astre solaire des livres d'histoire s'assombrisse. Syara était alors remontée se coucher pour être en forme le lendemain et n'avait pas été dérangée par Elyazra.

C'est donc en fin de matinée que Syara avait rejoint les autres concurrents dans une cour en face de l'aile nord du palais. Nombre de fées s'étaient réunies pour assister à l'événement, mais aussi pour y participer. Le roi avait convié tous ceux qui pensaient être les meilleurs de son peuple, alors la violoniste s'attendait à se mesurer à une vingtaine de personnes. Elle fut donc surprise de voir qu'ils étaient plus d'une centaine de prétendants à vouloir prendre la main de Phi.

Lorsque la place fut totalement bondée, le roi apparut au balcon du deuxième étage du palais. À sa droite, la reine arborait un visage neutre, même si Syara savait qu'elle était inquiète pour sa fille. Entre eux deux, Phi, elle, ne cachait pas ses émotions et était au bord des larmes. Elle se devait cependant se contenir pour ne pas se prendre les foudres de son père qui la surveillait du coin de l'œil.

La jeune fée avait troqué la tenue noire que Syara lui avait donnée contre une longue robe blanche et dorée qui la faisait réellement ressembler à une princesse. Pourtant, la beast ne pouvait s'empêcher de penser qu'avec de tels habits, ça n'était pas étonnant qu'elle soit devenue maladroite. Comment pouvait-elle se déplacer convenablement sans se prendre les pieds dans sa robe ?

— Bienvenu à tous pour cette compétition sans précédent qui déterminera à qui reviendra la main de la princesse Phindéréllia, clama le roi, coupant les pensées de la beast. Et surtout, qui aura l'honneur de devenir le père du prochain héritier au trône !

Il ne cherche même pas à cacher ses réelles intentions, ragea Syara en voyant le visage de son amie se décomposer encore plus. Elle se ferait un malin plaisir de ruiner tous ces plans d'avenir pour elle.

— En répondant à cet appel, vous démontrez déjà un grand courage, continua-t-il. Mais il ne peut y avoir qu'un vainqueur. Vous savez déjà que la première épreuve se basera sur votre vitesse et votre agilité. Je vais à présent vous révéler en quoi elle consiste réellement. À l'heure où je vous parle, des perles sont en train d'être placées devant la porte de chez vous. Votre objectif est simple, ramenez-là ici.

À l'annonce du contenu de l'épreuve, Syara vit quelques sourires narquois se dessiner sur certains visages tandis que l'on pouvait lire une certaine désillusion chez d'autres. Cette épreuve n'était clairement pas équitable. La beast avait appris que beaucoup de fées n'habitaient pas dans la ville, mais dans des plaines auxquelles il était possible d'accéder en passant par un chemin au nord. Ceux qui venaient de là n'auraient clairement pas le temps de faire l'aller-retour alors que ceux qui habitaient près du palais, à savoir les nobles, pouvaient très bien prendre leur temps et y aller à pied sans risquer de se faire disqualifier.

— Même si les perles ont l'air semblable en apparence, ne vous y trompez pas, nous saurons reconnaître si elle est bien à vous. Cependant, rien ne vous empêche de vous emparer de la perle d'un autre pour l'empêcher de se qualifier. Tous les coups directs envers les candidats sont permis, mais je ne tolérerai aucune destruction matérielle ni aucun blessé chez ceux qui ne participent pas. Les menaces et représailles sont aussi proscrites. Les trente-deux premiers arrivés seront déclarés vainqueurs et pourront participer à la suite. Sur ce, je vous souhaite bonne chance à tous et que le meilleur...

— Attendez ! interrompit Syara.

— Tien donc, cela m'aurait étonné que notre invité presque désirable intervienne. Qui a-t-il, vous trouvez que cette compétition n'est pas juste ?

— Oui, mais ça n'est pas mon problème. Vous avez dit qu'une perle attendait les candidats devant chez eux, mais où se trouve la mienne ?

— Ho, oui, c'est vrai. Nous avions d'abord pensé à la placer devant la porte de la suite que vous occupez vous et vos compagnons, mais vu que vous vous êtes installés sans autorisations, je ne peux considérer que c'est chez vous. Nous avons donc décidé de la placer à l'endroit du royaume qui se rapproche le plus de là où vous habitez réellement. Juste à côté du portail vers le monde extérieur.

Donc à l'autre bout de la ville, déduisit la beast. Elle était clairement désavantagée par rapport aux prétendants de la cour, mais au moins, il ne l'avait pas placé à la lisière de la forêt. Sans doute était-ce parce qu'il craignait que Shay ne s'énerve.

— À présent que tout le monde sait où aller, que la course commence ! clama le roi.