Chapitre 73: la grande salle (Telak)

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Après s'être assuré qu'aucun piège ne se trouvait devant eux, le groupe de démon sortit du tunnel qu'ils avaient eux-mêmes construit et découvrirent la suite des catacombes. Leur excavation avait donné directement sur la salle qui suivait le couloir rempli de pièges.

Aussi spacieux et haut que le hall des musiciens de Léfarène, cet endroit ressemblait à un édifice religieux. D'imposantes colonnes immaculées soutenaient le plafond et d'innombrables fresques recouvraient les murs. Tout baignait dans une lumière produite par des sphères lumineuses qui se déplaçaient lentement dans les airs.

En s'avançant dans cette salle, les mages découvrirent, collée au mur du fond sur un piédestal, une statue géante qui représentait trois hommes. Deux d'entre eux arboraient de grandes ailes dans le dos semblable à celle des démons et les trois tendaient leur bras vers un quart de sphère géant qui dépassait du plafond juste au-dessus d'eux. D'une couleur améthyste, il ressemblait à un immense joyau d'où émanait une étrange lueur qui pulsait tel un battement de cœur.

— Vous avez déjà entendu parler d'une telle chose ? demanda Mor.

— Pas plus que des humains avec des ailes, rétorqua Telak.

— En tout cas, vu la taille de ces statues, ils ne se prenaient pas pour n'importe qui, commenta Valana.

— C'est très beau, mais ne nous attardons pas ici. On se sépare pour trouver un passage vers la suite, décida Agrat.

Leurs ordres reçus, les démons arpentèrent la grande salle en quête d'une issue. Ils durent cependant se rendre à l'évidence qu'aucune porte, aucune trappe, aucun couloir dérobé ne se trouvait dans cette salle. S'il y avait un accès à la suite, ce dernier était très bien caché. Même les pouvoirs de Telak se révélèrent inutile. Il ne détecta rien en analysant les murs de la salle.

— Bon, souffla la chef du groupe. Il ne nous reste plus qu'à trouver un indice sur comment passer.

— Tu es sûre de ne pas vouloir creuser, plaisanta Telak.

— À l'aveugle, ce serait une perte de temps et d'énergie.

— Tant mieux. À part le mur que nous avons percé, les autres semblent aussi dur que la porte, expliqua le bassiste.

— Cherchez tous de votre côté et prévenez si vous trouvez quelque chose.

Une nouvelle fois, les démons se séparèrent. Mor était persuadé que la réponse se trouvait dans les orbes qui flottaient dans les airs. Il s'approcha de l'une d'elles, l'analysa pendant un moment et dessina sur un bout de parchemin le chemin qu'elles faisaient. Au bout d'une vingtaine de minutes, il finit de dessiner le dernier parcours et découvrit un point où elles se croisaient toutes.

Pensant être sur la bonne voie, il s'envola pour se placer à l'intersection et attendit que l'un des orbes n'arrive. Son plan était de faire en sorte de les stopper pour qu'ils soient tous réunis en ce point précis. Lorsque enfin l'un d'eux arriva, il tenta de s'en saisir, mais ses mains passèrent à travers. L'orbe lumineux continua son chemin comme s'il n'était pas là et traversa son corps sans même ralentir.

Son essai suivant ne fut guère plus fructueux. Il essaya d'en enfermer une dans un bouclier pour voir si les sphères réagissaient à la magie, mais celle-ci traversa la barrière de la même manière qu'elle avait traversé son corps.

Telak, lui, s'intéressa plus en détail au quart d'orbe en améthyste. Elle semblait ne pas vraiment faire partie de ce décor principalement bleu et blanc. Parfaitement lisse, on ne pouvait rien voir à travers. La seule imperfection que l'on pouvait reprocher à cette chose était la fine armature en métal qui la soutenait. Quant à ses pulsations, elles étaient régulières, mais bien trop lentes pour ressembler à celle d'un cœur. Tout comme Mor, Telak dû se rendre à l'évidence que sa piste de réflexion n'était pas la bonne.

Valana s'était concentrée sur les statues des trois hommes. Comme l'avait dit son acolyte, jamais elle n'avait vu, entendu parler ou lu quelque chose au sujet d'hommes pourvus d'ailes de démons. Même les hybrides entre les deux races ne donnaient pas ce genre de résultat. En fonction de l'espèce de la mère, l'enfant était soit un humain avec une peau légèrement rouge, soit un démon avec une peau pâle et avec tous les autres attributs des démons.

Même si les statues étaient totalement blanches, on pouvait exclure le premier cas à cause des ailes, mais aussi le second vu qu'aucun d'entre eux n'avait de cornes. Quant à la statue du centre, elle était semblable à tant d'humains qui peuplaient cette terre et n'avait rien de spécial.

La guitariste analysa les statues en quête d'un mécanisme, mais ne trouva rien de mécanique et rien de magique non plus grâce à ses pouvoirs.

Lorsqu'ils s'étaient séparés, seule la chef du groupe était restée au sol. Elle s'était approchée d'un pan de mur et avait observé minutieusement les fresques. Celles-ci représentaient différentes scènes de batailles. Les premières montraient, à en juger par l'allure des personnages dans les deux camps, la guerre du cataclysme, celle qui avait opposé les humains aux autres races. L'histoire enchaîna ensuite sur la guerre du libre-arbitre qui avait opposé toutes les races aux cybers. Les fresques racontaient en détail les victoires et les défaites de chaque camp, puis comment le conflit avait été résolu.

Les histoires qui suivirent ne disaient absolument rien à la chanteuse, mais elle découvrit quelque chose d'étrange. Pour en avoir le cœur net, elle repartit au tout début et observa plus attentivement les scènes. Son intuition s'avérait exacte. À chaque bataille, un personnage était toujours présent.

Elle se mit alors à le chercher partout et découvrit que celui qui se trouvait au milieu d'une bataille de la seconde guerre dépassait légèrement du mur. Cette anomalie était impossible à détecter si on ne faisait pas attention au personnage, mais semblait évident dès que l'on se focalisait dessus.

Avec précaution, Agrat appuya dessus et l'enfonça de quelques centimètres. Un léger déclic se fit entendre et tout l'édifice se mit à trembler.

— Qu'est-ce qui se passe, paniqua Mor.

— On va bientôt le savoir, rétorqua la chef de groupe.

Avec un bruit sourd, tout le pan de mur derrière la statue se scinda en deux et glissa, révélant une nouvelle partie de la pièce. La statue était à présent au milieu et le quart d'orbe était devenu une demi-sphère.

Au fond de la salle, une armure géante pourvue d'une épée semblait garder cette partie des catacombes. Dès que les deux partis du mur eurent totalement disparu et que les tremblements eurent cessés, les mages remarquèrent que deux points rouges étaient apparus à travers la visière du casque du gardien géant.

— Ennui droit devant... s'exclama Telak.  

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant