Chapitre 111 : L'assaut de la forteresse

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 Trois mois s'étaient écoulés depuis que le conseil avait ordonné l'attaque sans prendre en compte l'avis de Fos. Cet assaut s'était soldé, comme le violoniste l'avait prédit, par une cuisante défaite. Seulement un quart des troupes envoyées était revenue et avait révélé qu'ils n'avaient même pas réussi à passer la porte du mur d'enceinte malgré la puissance de leurs sorts.

Ritz faisait partie de ses quelques survivants et avait raconté en détail le massacre que cela avait été. La plupart n'avaient même pas eu le temps de lancer un sort et s'étaient fait faucher par les tires de barrages. Ils n'avaient eu aucune chance, tout l'extérieure n'était qu'une plaine sans même un arbre pour se mettre à couvert.

Au moins, Fos avait pu revoir son ami une dernière fois. Ritz était mort quelques jours plus tard à cause de l'exposition prolongée aux radiations et il ne fut pas le seule. En deux semaines, tous ceux qui avaient été envoyé étaient morts.

Cette défaite cuisante avait attisé la colère des habitants du camp qui considéraient que le conseil était le premier responsable de ce carnage. Seul le représentant humain n'avait pas été inquiété vu que la nouvelle de son désaccord avec les autres membres avait fait le tour de la ville avant le retour des troupes. Face à ce mur de contestation, le conseil avait dû user de tout leur talent de diplomate pour calmer les esprits et surtout garder leurs sièges de dirigeants.

Une fois la tension descendue, ils avaient imploré Fos pour qu'il leur livre son plan pour prendre la forteresse. Il avait eu envie de jouer avec eux, de leur dire que c'était trop tard, qu'ils auraient dû prendre en compte sa voix pendant qu'il siégeait encore au conseil et qu'il était trop tard à présent, mais bien que cela lui aurait donné une grande satisfaction, il n'en fit rien et révéla son plan. Il devait avant tout penser au bien être des autres et la menace que représentait le dictateur et sa force de frappe éclipsait de loin ses désirs égoïstes.

Au final, même si l'effectif de mage avait été amputée d'une partie de ses membres, la stratégie de l'humain s'était soldé par une victoire. Tous les camps autour de la forteresse avait été capturés, les lignes de communication et de ravitaillement coupés. Les frappes avaient été si rapides et coordonnées que les ennemis avaient toujours capitulés à peine une heure après le début des hostilités.

Une fois capturé, les assaillants s'étaient systématiquement attelés à deux tâches primordiales. La première était de renforcer les défenses des camps pour qu'ils puissent les garder avec un minimum d'effectif, la seconde consistait à convaincre les humains qui y travaillaient qu'ils ne leur voulaient pas de mal et que leur intention était d'intégrer la race humaine aux autres pour qu'ils puissent tous vivre en paix.

Si cette tâche avait été aisée parmi les humains qui, au même titre que Fos auparavant, étaient traités comme des esclaves aux côtés d'autres races prisonnières, convaincre ceux qui étaient libres avait été bien plus difficile. Accrochés à leurs préjugés, ils n'arrivaient pas à les considérer comme des êtres intelligents qui n'avaient pas eu le choix de quitter leur monde, mais comme des monstres assoiffés de sang qui voulaient s'emparer de leur monde.

Pour certains d'entre eux, il avait même fallu les enfermer de crainte qu'ils ne tentent quelque chose et tuent des innocents.

Suite à la prise des premiers camps, le dictateur avait envoyé des troupes pour les récupérer, mais ceux-ci tinrent bon et repoussèrent systématiquement les assauts avec un minimum de pertes. Voyant qu'il ne pouvait rien faire pour ces territoires tombés, le dirigeant humain choisit plutôt d'envoyer des troupes au camp suivant pour qu'il puisse résister. Cependant, Fos avait déjà envisagé cette possibilité. Les troupes du dictateur n'étaient pas illimitées et ses attaques avaient déjà affaibli la forteresse. Il ne pouvait pas se permettre d'en envoyer davantage et de laisser sa base principale sans défense. Non, les soldats qu'il avait envoyés venaient des autres camps.

Dès qu'il sut cela, Fos envoya les troupes non pas sur le camp suivant, mais sur ceux qui avaient été affaiblis. Ceux-ci furent pris aisément et la forteresse se retrouva, en à peine deux mois, totalement entourée par des territoires conquis.

Cette phase du plan terminée, Fos ordonna à toutes les troupes positionnées dans chaque camp de converger sur la forteresse. Si elle était imprenable lorsqu'on l'attaquait de front, c'était une toute autre histoire si elle était prise d'assaut de tous les côtés. De plus, contrairement à l'attaque qu'avait planifiée le conseil, les assaillants comptaient parmi eux des hommes équipés d'armes à feu ainsi que des chars récupérés lors des attaques précédentes. Les troupes du dictateur avaient vite été débordés et la plupart des portes étaient tombées rapidement.

Dans les rues, Fos marchait tranquillement sans vraiment s'inquiéter des ennemis. Vu qu'il était humain, les gardes le prenaient pour un civil et les autres races reconnaissaient leur commandant. Il avait bien fait attention de ne pas se montrer lors de tous les assauts pour pouvoir être libre de ses mouvements et accomplir une mission qu'il s'était imposé. Pour une victoire totale, il fallait qu'il détruise la machine qui brouillait les flux de téléportation. S'il réussissait, le cœur de la forteresse serait d'autant plus facile à prendre.

Seul problème, le dispositif se trouvait dans le palais, juste à côté du trône du dictateur. Les gardes avaient reçu l'ordre de tirer à vue s'ils n'étaient pas certains que ce qui se présentait devant eux étaient un allié.

Pour être sûr de pouvoir passer, Fos s'empara de l'uniforme d'un gradé qu'il avait assommé et se dirigea vers le palais. Caché par le mur d'un des édifices proches, il observa les défenses que le dictateur avait mises en place. Une centaine de soldats armés jusqu'aux dents observaient les alentours, à l'abri derrière un mur de sac de sable. Passer de force n'aurait sans doute pas marché, du moins, pas sans d'immenses pertes. La zone était inaccessible pour les chars et les bâtiments étaient trop éloignés où trop petits pour que l'on puisse se placer sur les toits et lancer des sorts sans se faire voir tout en étant à portée.

Après avoir longuement soufflé pour calmer les battements de son cœur, Fos sortit de sa cachette et avança vers le palais. L'avenir de beaucoup de monde allait se jouer maintenant et tout ce poids reposait sur ses épaules.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant