Chapitre 26 : Des chefs d'opérations fantastiques...

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Après une bonne nuit de sommeil, Syara sortit de sa chambre spacieuse et descendit dans le hall d'entrée. Même à cette heure matinale, le satyre était déjà à son poste, et déjà son expression conseillait clairement à quiconque de ne pas le déranger.

Telak, assis sur un fauteuil adossé à un mur, attendait la beast en lisant une revue qui datait sans aucun doute d'avant le déluge.

— Prête ? Demanda-t-il à son approche, sans pour autant lever les yeux de sa lecture.

— Si l'on veut, répondit-elle avec un haussement d'épaule.

— Alors allons-y ! s'exclama le démon en bondissant de son fauteuil.

Les deux mages sortirent de l'hôtel et retrouvèrent la guide sur le parvis.

— Bonjour. J'espère que vous vous êtes bien reposé, une longue journée vous attend.

— Ça tombe bien, moi et mon acolyte avons hâte de nous y mettre ! Sourit Telak qui accompagna ses dires d'une bonne tape dans le dos de Syara.

Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Depuis le début de leur rencontre, il n'avait jamais été aussi familier. Était-il aussi excité que cela à l'idée de commencer cette mission ?

— Bien, alors suivez-moi, leur intima la guide avec un signe de la main.

Le poste d'opération se trouvait non loin de l'hôtel de ville. Contrairement au reste de la ville, l'endroit grouillait tel une fourmilière. Des mages sortaient du bâtiment qui servait de quartier général et se dispersaient dans tout les sens pendant qu'autant d'entre eux entraient à l'intérieur.

— Nous y sommes. Présentez-vous là-bas et ils vous affecteront à un poste.

— Merci pour tout, remercia la violoniste.

— D'autres mages vont sans doute arriver dans peu de temps et je me dois de les accueillir. Je vous souhaite bon courage.

À ses mots, la guide tourna les talons et repartit vers la porte ouest de la ville. Les deux mages, quant à eux, entrèrent dans l'édifice. Déjà à cette heure matinale, le quartier général bourdonnait tel une ruche. Les mages s'amassaient autour de tables sur lesquelles avait été dressé des cartes de la ville ou bien devant des tableaux d'affichage. Toutes ses personnes réunies au même endroit provoquaient un tel vacarme que c'était à se demander comme ils faisaient pour arriver à s'entendre.

— Excusez-moi, interpella Telak, presque en criant, au premier venu. Nous venons d'arriver et n'avons pas encore reçu nos affectations. Savez-vous à qui il faut s'adresser ?

— Rendez-vous dans la salle au fond du hall, répondit-il, assez fort pour se faire entendre.

— Merci.

Les deux mages se faufilèrent à travers la foule et se rendirent comme indiqué dans la pièce à l'écart de tout ce tumulte. Là, une dizaine de personnes parlaient de la situation de la ville autour d'une maquette de Sendra. Seul l'un d'entre eux se retourna cependant et vint à la rencontre de Syara et Telak.

— C'est pour quoi ? Demanda-t-il sèchement.

Une chose était sûre, la politesse ne devait pas étouffer cette personne-ci.

— Bonjour, salua le démon. Nous sommes arrivés hier et on nous a indiqué ce bureau pour recevoir nos affectations.

— Venez-en droit au but. Nom, grade, élément, ordonna l'inconnu.

— Grade ? Questionna la beast. Je croyais que le grade n'avait pas d'importance.

— Pour certaines missions telles que celle-ci, les grades permettent d'instaurer une hiérarchie au plus vite.

— Je n'ai pas que ça à faire, dépêchez-vous ! râla-t-il.

— Excusez-moi. Telak, mage de rang trois, affilié terre et pierre.

— Bien, vous nous serez utile sur le mur au secteur quarante-deux. Et vous ?

Ce que Syara redoutait arriva. Elle connaissait bien sûr son nom et ses pouvoirs, mais n'avait absolument aucune idée, en tant que nouvelle dans le monde des mages, de son grade. En désespoir de cause, la beast se tourna vers son mentor dans l'espoir qu'il réponde à sa place.

— Je vous présente Syara, mage de rang neuf, affilié à...

— De rang neuf ? Rassurez-moi, ça n'est pas sa première mission au moins ?

Devant le silence gêné des deux mages, le chef des opérations souffla longuement.

— Une mage de rang neuf ne ferait que nous gêner et mettre en péril la sécurité de la ville ! Hors de ma vue, ça n'est pas une garderie ici ! Hurla-t-il.

Ses paroles étaient un coup dur pour l'ego de la violoniste. Pire, la moitié des mages derrière lui se retenaient de rire tandis que l'autre moitié la jugeait d'un regard hautain. Il fallait qu'elle sorte d'ici, et vite. Si elle n'y arrivait pas, cette pièce deviendrait sans aucun doute une scène de crime où dix corps démembrés pourraient être identifié.

— Elle pourrait être utile pour rechercher la cause du cataclysme, proposa le bassiste.

— Une apprentie mage ? Elle n'y connaît rien et ne sera d'aucune utilité.

— Ha parce que vous, vous avez trouvé la cause peut-être ! explosa la beast. Avancer si lentement dans les recherches, c'est à croire que vous le faites exprès pour que la récompense journalière vous tombe dans la poche le plus longtemps possible ! Après tout, cinquante pièces par jour pour rester au chaud dans un bureau, ça n'est pas si mal. Sans compter la nourriture et les chambres luxueuses offerte encore une fois par la ville.

Devant son coup de gueule, les membres du conseil passèrent du rire à la colère. Elle n'y était pas allée de main morte, mais tout ce qu'elle avait dit pouvait très bien être la vérité. Avant que qui que se soit ne puisse répondre à ses accusations, Syara sortit de la salle, la tête haute, talonné par son mentor.

Une fois sortie du bâtiment, Syara prit une grande inspiration. Même le fracas de la tempête sur le bouclier de vent de la ville ressemblait au son d'une simple brise, comparé au bruit qui régnait dans le poste des opérations.

— Eh bien, on peut dire que quand tu t'énerves, tu n'y vas pas par quatre chemins, commenta le démon, un léger sourire aux lèvres.

— Ils méritent tout ce que j'ai dit. Non mais quelle bande de cons !

— Ne prête pas attention à eux. Après avoir vu leur comportement, je n'ai aucune envie de suivre leurs ordres. Nous allons donc travailler indépendamment. Je te propose de commencer par monter sur le rempart face à l'océan pour nous rendre vraiment compte de ce qui se passe.

Au moins, Telak ne l'avait pas abandonné. D'un hochement de tête, la beast fit signe à son mentor qu'elle approuvait son plan et partit en direction du rempart.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant