Chapitre 3 : Cérémonie ? Mon c... !

3.4K 451 100
                                    

Fastidieux, long, interminable, fatiguant, chaotique. Autant d'adjectifs tous plus adéquats les uns que les autres pour qualifier le véritable calvaire qu'était la descente au fameux sous-sol. Mais quelle idée leur était passé par la tête pour faire passer une promotion entière par un escalier en colimaçon aussi étroit ?! Quatre-vingts centimètres de largeur, Même pas ! Quant aux marches. Si seulement Syara tenait l'abruti d'architecte qui avait décidé que ce serait plus amusant si elles étaient toutes d'une hauteur différentes !

Trois quarts d'heure ! Trois quarts d'heure pour descendre ce foutu escalier. Trois quarts d'heure à se demander si ce n'était pas un complot mis en place pour empêcher les claustrophobes de devenir mage.

Heureusement, toute la fatigue, toute la frustration s'évanouit lorsqu'elle arriva enfin en bas. La salle était un amphithéâtre géant. Il n'y avait pas de tables comme ceux de l'école, mais uniquement des gradins, taillés dans une pierre blanche, formant un gigantesque arc de cercle.

La salle pouvait facilement contenir deux ou trois promotions en même temps, alors pourquoi ? Pourquoi avoir construit un endroit pareil en sous-sol ? Encore une lubie de l'architecte débile sans doute. Syara ne voulait pas se donner mal à la tête en essayant de rentrer dans le cerveau malade de cette personne. De toute façon, cela devait faire bien longtemps que ses os ne lui faisaient plus mal.

Après s'être installée tout en haut des gradins avec Kuta, la beast continua de détailler l'endroit. Les murs n'avaient rien de particulier. Aucune décoration, pas un rideau, juste de la pierre à nu. Le contrebas, lui, était bien plus intéressant. Sur une large estrade en bois, un simple pupitre avait été installé en son centre. Derrière, on pouvait apercevoir un grand nombre de portes alignées les unes à côté des autres.

Elles étaient toutes semblables, hautes, larges et d'un noir profond, mais un détail différait à chaque fois. Un symbole argenté, gravé sur chacune d'entre elles. La jeune femme les connaissait. Elle avait dû les apprendre par cœur, eux et leurs significations. Ils représentaient tous les genres majeurs de la musique. Que se soit celui des chansons lentes et mélancoliques ou bien énergique et agressives, elles étaient toutes là.

Bien que rentrée dans les dernières, Syara dû attendre encore un bon quart d'heure avant que tout le monde ne soit installé. D'un naturel impulsif et aucunement patient, ce court laps de temps fut pour elle une vrai torture. Mais, le supplice touchait à sa fin. Tout le monde était assis et la cérémonie allait pouvoir commencer.

Un homme monta sur l'estrade et se dirigea lentement vers le pupitre. La beast avait l'impression de le connaître. Des cheveux châtains coupés courts, une démarche qui faisait penser à une personne pas encore bien réveillée, un visage cerné.

— Ce n'est pas... commença Kuta.

— Si, répondit-elle entre ses dents.

Monsieur Vedo se plaça derrière le pupitre en bois et se racla la gorge. S'il présidait réellement la cérémonie, de là où elle était, elle n'entendrait pas un traître mot. Et ce, même avec une ouïe comme la sienne. Mais jusqu'où pouvait-il aller pour lui pourrir la vie ?

— Bonjour à tous ! Je vous souhaite la bienvenue à la cérémonie de remise des diplômes !

Elle devait rêver, ce n'était pas possible. Le professeur, le plus ennuyeux qu'elle ait eu, parlait d'une voix forte, ponctuée et clair. Exactement l'inverse que pendant ses cours. Rien qu'avec cette introduction, tous les élèves étaient suspendus à ses lèvres. Lui dire ses quatre vérités s'était révélé utile en fin de compte. À moins que... Non, ce n'était pas possible. Et pourtant si ! On ne devenait pas un si bon orateur en une nuit. Ce qui voulait dire... Ce qui voulait dire qu'il s'était foutu d'elle tout au long de l'année !

— Je le hais ! cracha Syara.

— Vous devez sans doute vous poser certaines questions. Pourquoi la faire ici ? Qui a-t-il derrière ses portes ? Pourquoi faire autant de mystère autour de la cérémonie ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'examen cette année ? Commençons par la dernière question ! Si vous n'avez pas eu à passer d'examen cette année, c'est tout simplement parce qu'il va avoir lieu ici et maintenant ! s'enthousiasma l'enseignant.

À ses mots, les chuchotements s'élevèrent tel le bourdonnement d'une ruche. Un test surprise lors de la cérémonie ? Personne n'en avait parlé. Tous pensaient à un simple discours sur l'espoir et la génération futur qu'ils incarnaient, une remise du papier certifiant qu'ils avaient terminé l'école puis de l'instrument qu'ils allaient choisir. En aucun cas à un contrôle.

— Et le meilleur dans tout ça, continua Monsieur Vedo, c'est qu'il n'y aura même pas de copie à corriger ! Amenez le coffre !

Deux personnes accédèrent à sa requête et placèrent, devant le pupitre, un grand caisson taillé dans un cristal bleu azur sur lequel une multitude de runes bleu nuit avaient été gravées.

— Le principe est simple. Je vous appelle, vous descendez ici et vous plongez votre main dans le coffre. À partir de là, il y a deux possibilités. La première, vous en sortez un instrument. Dans ce cas-là félicitation ! Vous venez de vous lier à un instrument ! Il ne vous restera plus qu'à choisir une des portes qui se trouvent derrière moi. Choisissez bien le style que vous préférez et dans lequel vous vous sentez le plus à l'aise. Second cas, aucun instrument ne sort. Vous avez échoué au test et vous ne pourrez jamais devenir mage ! Tous souvenirs de la cérémonie seront alors effacés ! Il ne vous restera qu'un amer goût d'échec et une profonde blessure à votre ego. Dernière chose, le taux de réussite est d'environ dix pourcent par promotion alors... Bonne chance à tous !

Pendant tout son discours, l'enseignant avait gesticulé comme un pantin dont les fils se seraient emmêlés, surjouant chacune des situations et des émotions. Une chose était sûre. Il se délectait du stress et de la peur que son discours théâtral avait engendré chez les élèves.

— Kuta ? appela Syara.

— Quoi ?

— Retiens-moi ou je vais le tuer.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant